C’est un mardi de printemps. Otant son respirateur, une dame d’un certain âge, bien en chair, écoute Radio Viborg, pioche dans son pilulier, prend son petit déjeuner puis sort son chien dans une cité de la petite ville de Viborg, au son d’Everybody Loves Somebody, musique qui rythme le film. C’est ainsi que débute la journée de Solvej (Ragnhild Kaasgaard) et le premier long métrage de la cinéaste danoise, Marianne Blicher, Miss Viborg.
Ce film au scénario assez étonnant raconte l’amitié improbable entre une femme, peu aimable, souvent bougonne, boulimique et obèse et une adolescente, Kate (Isabella Møller Hansen)sa voisine de palier, un peu rebelle. Solvej qui vend clandestinement les médicaments qu’on lui prescrit pour se payer un voyage à Malaga, a refusé de lui en céder (« Je n’en vends pas aux gosses », lui a-t-elle répondu.) Kate entre par la fenêtre, lui en dérobe, provoquant la chute de la vieille dame qui se foule la cheville. Se trainant sur le sol, Solvej trouve le téléphone que le voleur a laissé tomber. Après quelques essais pour le débloquer, assez drôles, elle comprend que sa voisine est son voleur…
Objectif Malaga
Toutes deux, par la force des choses, vont se côtoyer puis peu à peu se rapprocher. D’abord complices : Kate accepte d’accompagner Solvej, moyennant 50% des recettes du trafic. On les voit parcourir la petite ville sur le scooter à mobilité réduite de Solvej, accompagnées du chien qui ne quitte jamais sa patronne et qui porte le nom d’un acteur des années 1950, Poul Reichhardt ! Solvej vit dans le passé et n’a plus qu’un but dans la vie, partir à Malaga où sa vie s’est arrêtée un jour. La présence de Kate va l’ouvrir au monde et aux autres. Sa carapace se fendille peu à peu et une amitié se construit, chacune ayant pour l’autre des attentions et des surprises : une fête d’anniversaire pour Kate, pour Solvej, un rendez-vous inattendu avec un conducteur de camion, le doux Preben (Kristian Halken). Un « cadeau » que Solvej, écorchée vive par la vie, rejette d’abord …
On rit, on est ému parfois devant ce film très coloré et très bien interprété. « Dès le départ, mon directeur de la photographie Martin Munch et moi-même voulions faire en sorte que le film ressemble à un conte de fées dans le ghetto, avec beaucoup de couleurs et de profondeur, symbolisant l’espoir. Il fallait donc que ce soit un film d’été, sinon le gris aurait été la couleur dominante, avec les immeubles en béton et la météo au Danemark. »
ANNIE GAVA
Miss Viborg, de Marianne Blicher
Sortie en France non communiquée.
Film présenté en compétition au Festival international Music & Cinema Marseille.