mercredi 2 octobre 2024
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Une féministe dans la résistance

La veille de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, l’historien et membre du conseil scientifique du Camp des Milles, Robert Mencherini, proposait une conférence théâtralisée sur Berty Albrecht

Inscrit dans le cadre du « Forum Femmes, debout, femmes en résistance », ce temps fort de la vie du Camp des Milles nous fait découvrir le personnage fascinant et avant-gardiste de Berty Albrecht, née à Marseille en 1893 dans une famille protestante suisse. Suivant la « tendance historiographique actuelle qui s’intéresse aux gens qui ont agi plus qu’aux grands mouvements », Robert Mencherini présente son dernier opus Berty Albrecht, de Marseille au Mont-Valérien, une féministe dans la résistance

Un problème de proportion 

Son travail s’est appuyé sur une collecte documentaire qui reçoit encore aujourd’hui, après la publication de son ouvrage, de nou- veaux éléments. Un considérable corpus de lettres conservées au Musée d’histoire de Marseille qui dispose d’un fonds Berty Albrecht, et permet de comprendre de l’intérieur le parcours de cette femme brillante ainsi que son engagement dans la Résistance. « Elle est l’une des six femmes “compagnon de la Libération” sur les 1038 compagnons, ce qui est très en-deçà de leur proportion dans la Résistance. De même elle est l’une des deux femmes à être inhumée au Mont-Valérien sur les 1008 personnes à s’y trouver… là encore, la proportion est loin d’être juste », explique l’historien qui déroule le fil chronologique de la vie de cette héroïne qui reçut « une formation scolaire laïque, grâce à la loi Camille Sée, au lycée Montgrand ».

Infirmière durant la Première Guerre mondiale, elle fondera la revue féministe Le Problème sexuel, défendant le droit à l’avortement et l’homosexualité en 1931. En 1941 grande résistante, elle organise le mouvement Combat aux côtés d’Henri Frenay… Sa vie s’arrête le 13 mai 1943 à Fresnes, où elle se pend dans sa cellule. Les lectures subtiles de Marie Rodrigue et la guitare et le violon virtuose de Christian Fromentin de la Compagnie Padam Nezi, venaient apporter un surplus d’humanité et de fraîcheur au récit de l’historien. La Complainte du partisan (chanson d’Anna Marly écrite en 1943) venait clore la soirée sa poésie désespérée : « et la liberté reviendra/ on nous oubliera/ nous rentrerons

MARYVONNE COLOMBANI

Conférence donnée le 7 mars à auditorium du Camp des Milles, Aix-en-Provence. 

Les artistes face au génocide au Rwanda
Le Camp des Milles, dont la particularité a été d’interner un grand nombre d’artistes, privilégie la part de l’art comme outil de résistance et de réflexion. Trente ans après le génocide visant les Tutsis au Rwanda, la question continue de se poser : « comment cela a-t-il été possible ? ». Depuis la stigmatisation d’une minorité, l’usage d’un vocabulaire qui dénie peu à peu les caractéristiques humaines, à la persécution, aux actes racistes et à leur extension de masse, la réflexion sur le tragique engrenage se pose. La nouvelle exposition temporaire, Vies d’après : des artistes face au génocide des Tutsis du Rwanda  offre un florilège des œuvres de Bruce Clarke, qui présente ici une résistance artistique contre l’oubli et la réitération des engrenages meurtriers qui n’épargnent aucune partie de la planète. M.V.

15 mars au 9 juin 
Entrée libre
Camp des Milles, Aix-en-Provence
04 42 39 17 11 
campdesmilles.org
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