Chaque année, le Festival du film arabe propose un focus sur un cinéaste. Pour cette 11e édition, c’est un focus sur la Palestine, « des images pour exister, des images pour résister, » a précisé Solange Poulet, présidente d’Aflam, associé pour cette programmation de 5 films à Ciné Palestine qui tiendra sa 3e édition marseillaise du 30 mai au 2 juin
Parmi ces 5 films, le 3e long métrage de Muayad Alayan, co écrit avec son frère Rami Alayan , A house in Jerusalem. Un film inspiré par l’histoire familiale « Notre père et notre mère sont tous deux issus de familles devenues réfugiées en 1948 . Ils ont tous deux été contraints de quitter leurs maisons, leurs entreprises et leurs terres agricoles à Jérusalem. Mais ils faisaient partie des chanceux qui ont dû s’installer au sein de la Palestine historique et n’ont pas eu à s’expatrier dans d’autres pays pendant la guerre. »
Michael (Johnny Harris) et sa fille Rebecca (Miley Locke) arrivent en taxi dans une belle demeure ancienne, celle du grand-père, décédé, à Jérusalem. Michael voudrait que sa fille commence là une nouvelle vie : sa mère est morte dans un accident de voiture en Angleterre, un an auparavant et la jeune Rebecca qui était dans le véhicule n’arrive pas à faire son deuil, culpabilisant de n’avoir pu la sauver.
C’est par les yeux de cette jeune fille que l’on découvre ce que cache cette maison. Solitaire et repliée sur elle-même, mais curieuse et déterminée, elle explore les jardins envahis par la végétation et tombe sur un vieux puits dans lequel elle repêche une poupée abandonnée depuis des années. C’est la poupée d’ d’une mystérieuse fillette, Rasha (Sheherazade Makhoul Farrell), toujours trempée et d’une pâleur mortelle qui dit attendre le retour de ses parents, contraints de fuir « les hommes armés ». Seule Rebecca voit ce fantôme qui va devenir son amie.
« Nos parents vivaient essentiellement avec des fantômes d’eux-mêmes ». précisent Muayad et son frère qui entendaient les histoires de leur père sur le passé. Les deux fillettes vont se soutenir et la jeune Rebecca cherche ce qui se cache derrière tout cela. Une des séquences les plus émouvantes est la visite à une vieille dame, Mme Mansour (Souad Faress), qui fabrique des poupées aux robes brodées à Bethleem, dans le camp d’Aïda. Les images du directeur de la photo Sébastian bock avec qui Muayad Alayan avait déjà travaille pour son film précédent, The Reports On Sarah And Saleem, sont soignées aussi bien pour les scènes dans la grande maison que dans le jardin des fantômes. La jeune Miley Locke qui interprète Rebecca est tour à tour, désespérée, pleine d’énergie et de force. Elle porte ce film qui explore à la fois le travail de deuil intime et celui, collectif d’un peuple qui n’en finit pas de souffrir et de résister.
ANNIE GAVA
A House in Jérusalem a été projeté le 16 avril au Cinéma les Variétés, Marseille, dans le cadre du Festival Aflam
La 11e édition se poursuit jusqu’au 20 avril