Le point d’exclamation dans le titre de la BD de Golo « Istrati ! » n’est pas dû au hasard tant la figure de l’écrivain Panaït Istrati est éclatante. La librairie marseillaise Jeanne Laffite Les Arcenaulx accueillait Golo à l’occasion de la publication de son roman graphique sur la vie de l’écrivain roumain de langue française. Cette rencontre s’est aussi faite en la présence de Jean Poncet, poète et traducteur émérite de la poésie roumaine, qui a animé et enrichi les discussions. Golo a dû se documenter énormément sur la vie de l’artiste pour dessiner 496 planches. Il raconte comment la tuberculose a conduit Istrati à apprendre le français, et indirectement à devenir l’écrivain qu’il fut par la suite. Soigné dans un sanatorium suisse, il s’évertue à maîtriser pleinement la langue de Molière, d’abord dans l’objectif de travailler, puis dans le but d’écrire, lorsque l’écrivain français Romain Rolland le prend sous son aile et devient son mentor. La vie de Panaït Istrati, c’est celle d’un voyageur qui a fait de la Méditerranée son terrain de prédilection, celle d’un écrivain autodidacte, communiste et antistalinien, idéaliste et profondément humain.
« À l’amitié »
L’intertitre de la BD « Istrati ! » s’intitule « à l’amitié »… et pour cause ! Il n’y a pas de chose plus importante pour Istrati que ce sentiment, pour lequel il a donné corps et âme, comme en témoigne ce passage du roman Nerrantsoula que lit Jean Poncet : « […] nous avions deviné dans nos regards francs, la nuance de nos désirs, le miracle de nos ressemblances […] je me livre à eux sans marchander, avec frénésie. Cela coûte cher, mais jamais les déceptions subies n’ont diminué, jamais elles ne diminueront la somme de mes désirs […] On ne perd rien quand on se livre entièrement, autrement, autant dire du soleil qu’il s’épuise quand il se livre sans ménagement ni choix ». Une ode à l’amitié entre les individus mais aussi entre les peuples, comme en témoigne la présence lors de cette rencontre de la consule de Roumanie à Marseille, Aurélia Grosu. Ces deux pays, réunis par l’histoire de leurs littératures et la proximité de leurs langues latines, ont de quoi s’entendre.
RENAUD GUISSANI
La rencontre avec Golo s’est tenue le 17 avril à la librairie Jeanne Laffite Les Arcenaulx, Marseille.