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Une enclave africaine dans le Luberon

Jusqu’au 21 septembre, la Fondation Blachère présente Bandiagara. une exploration de l’œuvre de vingt artistes contemporains africains

Bandiagara est le nom d’une ville historique malienne, accrochée à une vertigineuse falaise qui porte le même nom. C’est dans cette région, le pays Dogon, que Jean-Paul Blachère, riche industriel, eut une « révélation initiatique ». En 2004, il fonde la fondation qui porte son nom – et celui de son entreprise – dédié à l’art contemporain africain. Avec Bandiagara, c’est quelques-unes des plus belles pièces qui sont données à voir aux visiteurs. Fruit du travail d’artistes emblématiques d’Afrique de l’Ouest – parmi lesquels Sokey Edorth, Jems Robert Kokobi ou Hassan Slaoui – durant les trois dernières décennies, à cheval entre tradition et modernité…

Entre les cigales, les lavandes et l’Afrique il n’y a qu’un pas. Celui de la porte de cette Fondation, sise à quelques mètres de l’ancienne gare de Bonnieux, désormais point de passage pour la véloroute du Luberon. Dès la première – et principale – salle, c’est d’abord un immense éléphant, prostré, qui accroche le regard du visiteur : il s’agit d’une œuvre d’Andries Botha, réalisée avec des centaines de planches de bois, et intitulée The fallen elephant. À côté, une série de neuf toiles signées Sokey Edorth Les naufragés de l’espoir, narrant la tragédie de ceux qui prennent tous les risques pour chercher dans l’ailleurs un avenir. Traits fins, composition déstructurée, il faut rester de longues minutes – ou heures – pour apprécier à sa juste valeur le talent de cet artiste togolais engagé. Plus loin, on appréciera l’impressionnant masque de trois mètres de haut de Jems Robert Kokobi, Hommage à Zahouli, qui s’inspire ici de l’ensemble des masques des communautés Gouro (en Côte d’Ivoire).

Stigmates de la guerre

Dans la deuxième pièce, ce sont les œuvres d’Hassan Slaoui qui accueillent le public : céramiste et ébéniste de formation, il sculpte des objets, les patine, les vieillit, et leur confère une valeur patrimoniale : c’est le cas de ces deux tablettes en bois, reliées par une armature métallique tel un cahier à spirale. Le parcours se termine à l’étage, avec une série de Freddy Tsimba : des dizaines de sculptures en bronze, qui laissent apparaître les stigmates de la guerre qu’a connue son pays de la République Démocratique du Congo : sur le mur, trois corps s’évanouissent, uniquement réalisés à partir de douilles de balles soudées entre elles. Puis un douzaine de statues en bronze, à l’écriture spatiale qui saisit le mouvement : brutal et poétique. 

De cette belle exposition, on regrette tout de même le manque d’acompagnement du visiteur. Les cartels sont minimalistes, et nécessitent un smartphone, via QR code, pour accéder aux informations. 

NICOLAS SANTUCCI 

Bandiagara
Jusqu’au 21 septembre
Fondation Blachère, Bonnieux
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