Une exposition réalisée avec le soutien de l’Institut Polonais de Paris et du musée de Bydgoszcz qui propose un parcours dans l’œuvre photographique de Grzegorz Przyborek, artiste polonais né en 1949 à Lodz, qualifié par les organisateurs comme « l’une des figures majeures de la photographie polonaise contemporaine (…) qui depuis plus de 40 ans, construit une œuvre singulière, entièrement fabriquée dans son studio situé au 11e étage d’une barre d’immeuble d’un quartier de Lodz ».
« Un très léger petit déjeuner français »
L’exposition propose un parcours dans son œuvre photographique depuis la série Portraitsréalisée à Arles en 1990 où il était étudiant invité, jusqu’à ses dernières compositions produites entre 2020 et 2022. On y voit également une quarantaine de dessins, des objets, des sculptures. Car dans son processus de création, Grzegorz Przyborek commence le plus souvent par dessiner ses idées, visons, rêves à partir desquels il réalise ensuite des objets, qu’il met ensuite en scène, et qu’il photographie. À l’entrée, ses séries en lien avec son séjour à Arles : Souvenirs d’Arles, avec par exemple Un très léger petit déjeuner françaisoù bol, croissant, petite cuillère, couteau, pichet lévitent au-dessus d’une table, retenus par des fils attachés à des pointes plantées dans la table. Abbaye de Saint-Roman, neuf photographies de tombes creusées dans du calcaire, cadrées comme pour des portraits de carte d’identité. Portraits où l’on trouve un Pèlerin, un Créateur et un Démon, accompagnés de la sculpture Pèlerin posée au sol, contour d’un buste humain de profil, fixée sur des roulettes, plumes dans le dos.
Pandémie
Plus loin ses productions réalisées pendant la période Covid : ciel de branchages et feuillages en haut de l’image avec au-dessous des silhouettes noires et malingres d’animaux en apesanteur dans Âmes animales. Ou, en format panoramique, sous de fins branchages à l’horizontale griffant de noir l’espace blanc, un chat au bout d’une table tourné vers un homme à l’autre bout, la tête enfouie dans ses bras dans Quand la raison dort, les démons se réveillent – d’après Goya. Dans la troisième salle, on trouve notamment cinq photographies de la série Thanatos, forme blanche et ovale à l’arrière-plan, surplombant des espaces et des architectures rêveuses. Des salles où l’on rencontre également, disposées sur des socles, de petites maquettes d’aéronefs réalisées en baguettes de bambous, ficelle et papier japonais. Le tout laisse une impression de rêveries surréalistes douces ou violentes, de légèretés et fragilités structurées par des mécanismes d’horlogerie, de modélisme et de taxidermie métaphysiques.
MARC VOIRY
Grzegorz Przyborek – Toucher le silence
Jusqu’au 29 septembre
Centre Photographique Marseille