Chaque soir, deux artistes principaux sont invités au Blues Roots Festival. Et ce 13 septembre, le rendez vous de Meyreuil accueillait Stephen Hull et Thornetta Davis. Le premier, guitariste-chanteur, est à la tête d’un power-trio comprenant le bassiste Cresenciano Cruz et le batteur Victor Reed, et s’inscrit dans la lignée d’un Albert King – sans pour autant jouer sur une guitare Gibson Flying V –, avec ce qu’il faut de riffs pentatoniques et de bends sulfureux (cette technique de légère torsion de l’instrument), contrastant avec une voix faussement enfantine.
En seconde partie de soirée, Thornetta Davis livre un set aux profonds effluves soul. Venant de la ville qui vit naître le label Motown, la « Queen of Detroit Blues » s’empare de la scène avec un immense sens du métier, marqué par un respect infini pour l’héritage de la musique qu’elle joue. Avec ses cinq musiciens et ses deux choristes (qui se verront chacune gratifiée d’un morceau en leadeuse), elle dirige son gang vers le rock’n’roll et le rythm’n’blues. Distillant des ondes d’émotion, notamment lors d’une livraison a capella de Ain’t no sunshine aux forts échos gospel, elle s’impose en matriarche aux inflexions vocales nourries des meilleures sources – Bessie Smith, notamment, dont la découverte l’a orienté vers le blues il y a une trentaine d’années. Elle pourrait figurer dans une suite à l’essai Blues et féminisme noir d’Angela Davis quand elle chante I’d rather be alone. Le « mojo » qu’elle jette au public fonctionne ce soir-là au-delà de toute espérance.
LAURENT DUSSUTOUR
Concerts donnés le 13 septembre dans le cadre du Blues Roots Festival, Meyreuil.