mercredi 16 octobre 2024
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La mort et les vaches

Dans La Chanson de Jérôme, Olivier Bosson revient sur le calvaire subi par Jérôme Laronze. Un éleveur traqué par l’administration et la gendarmerie, jusqu’à la mort. Olivier Bosson sera présent le 24 octobre à 20h 30 au Vidéodrome 2 .

« La différence entre documentaire et fiction, entre un film documentaire et un film du commerce, même s’il se dit artistique, c’est que le documentaire a une attitude morale qui n’existe plus guère dans le film de fiction », disait Jean-Luc Godard dans un entretien avec Artavazd Pelechian en 1992.

Quand Olivier Bosson a découvert l’histoire tragique de Jérôme Laronze, un éleveur de Saône-et-Loire, en lutte contre l’administration agricole et sanitaire, militant de la Confédération Paysanne, abattu par un gendarme le 20 mai 2017, il est sidéré et décide de faire connaitre cette histoire. Ce sera un film entre documentaire et fiction. Il va reconstituer ce drame en le faisant rejouer : castings autour de Trivy où vivait Jérôme, qu’il appelle Jérôme Maillet, joué avec talent par Jérôme Duret ; des voisins, des collègues, des gens qui l’ont connu, qui ne jouent pas leur propre rôle mais un autre. Une intention clairement rappelée dès le début du film par une voix off.

On est en 2014. Tout commence par une vérification du cheptel : 42 vaches ne sont pas déclarées, ce qui est illégal. Ce qu’il était possible de rattraper les années précédentes, ne l’est plus. L’administration exige des tests ADN, pour « assurer la traçabilité ». Ce que Jérôme trouve absurde, scandaleux et impossible financièrement pour lui. La responsable, Laurence, intransigeante et inhumaine, qui semble faire de ce cas une histoire personnelle, le menace d’une élimination des bêtes : « Moi, je m’en fiche, ce ne sont pas mes bêtes ! ». Il enchaîne les réunions avec les instances, et constate que l’objectif de l’industrie alimentaire n’est pas de nourrir les gens, mais le profit.

« Individu dangereux »

Cela ne va pas s’arranger pour lui, qui voit les choses différemment, qui pratique une autre forme d’élevage et de culture, un humaniste qui fait du théâtre, qui résiste, et ne veut pas se plier aux exigences administratives. Confiscation des papiers des animaux, ce qui lui interdit de vendre. Menaces, mises en demeure, injonctions, contrôles sur la ferme avec de plus en plus de gens en armes. Un véritable harcèlement jusqu’à son signalement comme « individu dangereux susceptible d’être armé » et le drame final.

Même si nous connaissons, par avance, l’issue fatale, le film d’Olivier Bosson nous place aux cotés de ce héros des temps modernes, nous faisant partager ses colères, son désespoir parfois, ses failles aussi, et surtout son envie de vivre et de lutter.

ANNIE GAVA

La Chanson de Jérôme, d’Olivier Bosson
En salles le 16 octobre


Jérôme Laronze est tué en mai 2017 par un gendarme de trois balles, une de côté et deux de dos, alors qu’il s’échappait au volant de sa voiture. 25 minutes se sont écoulées avant que les secours n’arrivent : il avait 37 ans. 7 ans plus tard, sa famille et ses proches attendent toujours un procès.

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