Sur scène, trois musiciens et neuf danseuses·eurs nous plongent dans des transes des quatre coins du monde, portés par des rythmes entêtants, alternant chants traditionnels et musiques plus contemporaines. Dans La Terre en Transe de Taoufiq Izeddiou, les corps, comme possédés, évoluent sur une scène épurée qui souligne l’intensité de leurs mouvements. Les jeux de lumière créent des atmosphères variées, accentuant les émotions et les différents états de transe. Le public se retrouve ainsi hypnotisé par les interprétations très personnelles de chaque danseur… pour être régulièrement transporté, à nouveau, par l’énergie du groupe. On perçoit des visages concentrés et grimaçant, des pieds frappant énergiquement le sol ou des caisses de résonance, des bras désarticulés qui emportent les corps dans des mouvements saccadés, répétés encore et encore. Et parfois, un visage disparait et laisse place à un masque, anonymisant la transe. C’est un véritable lâcher-prise que nous offre cette performance où la transe est proposée comme une échappée, un antidote à ce monde qui va trop vite, qui est fatigué. Taoufiq Izeddiou explore la notion d’épuisement, car selon lui « dans une fatigue du corps, une certaine vérité apparait ».
La Terre en Transe est le troisième et dernier volet de la trilogie Le Monde en Transe, créée par le chorégraphe au sortir de la pandémie de Covid-19, pour réunir les danseurs confinés, mais aussi les libérer après cette période d’enfermement. Sa dernière performance Danser la ville, explorait déjà l’idée d’une transe libératrice : les participants à des ateliers réguliers organisés au Bois de l’Aune – qui collabore avec l’artiste depuis plus de 10 ans – étaient invités à reconsidérer l’usage des pieds et leur rapport au sol et à la terre, avec l’idée de s’affranchir du poids du monde.
CÉLIANE PERES-PAGÈS
Spectacle donné les 15 et 16 novembre au Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence.