Zébuline. La pochette nous informe qu’« Antonin Appaix est Cactus Boy ». Qui est ce personnage ?
Antonin Appaix. J’avais envie d’éviter la confusion entre la personne et l’artiste, chose que j’entretenais dans mes premiers disques en voulant me mettre à nu. Je voulais aller plus vite, faire une mixtape et mélanger des choses, des collaborations, en sortant de l’album concept. Cactus Boy, c’est un truc léger, qui fait référence au latin, au méditerrannéen. J’avais commencé à écrire des morceaux pour un film d’un réalisateur mexicain où il y avait des histoires de perruques et de cactus ; ça s’est un peu fait comme ça. Je me suis aussi souvenu qu’enfant j’étais tombé dans un massif de figuiers de barbarie. C’est un peu fourre-tout, mais c’est le concept.
Est-ce que ce personnage vous permet d’écrire des choses différentes, d’évoquer d’autres thèmes ?
Jusqu’à présent, j’avais toujours au fond de la tête que je devais respecter qui j’étais, je pensais à la façon dont mon entourage recevrait mes textes. Ce n’est pas inintéressant mais ça m’a fait du bien de commencer à émettre un point de vue depuis ailleurs et de me permettre quelques incursions vers le rap, que j’avais beaucoup de mal à m’autoriser avant, alors que je passe ma vie à en écouter.
Quel est votre processus de création des morceaux ?
Je pars souvent d’une suite d’accords, je fais ensuite la batterie. Je compose quasiment tout le temps au moment où j’écris la chanson pour la faire exister le plus vite possible, même si je n’ai que des petits bouts : j’adore ces moments de magie et d’excitation. Je fais les arrangements ensuite.
Sur l’album, vous avez collaboré avec Waralu, artiste argentine installée à Marseille, sur le titre Bout de Verre, aux influences reggaeton. Comment est né ce morceau ?
J’aime beaucoup faire des exercices de style. Je suis autodidacte et je viens du punk, la musique électronique vient donc pas à pas. Sur ce morceau, j’avais fait un exercice reggaeton en cherchant sur YouTube comment on place la caisse claire etc. Je me suis vraiment amusé et j’avais un morceau quasiment fini. J’avais adoré aussi un docu Arte sur les chanteuses r’n’b qu’on invitait sur des morceaux de manière revendicative, dans les années 1990. Donc je cherchais quelqu’un pour entrer de manière old school sur le titre. Jeune Lennon, avec qui je collabore sur le disque, m’a présenté Waralu ; on a essayé plein de trucs et on a bossé tous les trois dessus.
On entend que vous aimez la poésie. Quel rapport avez-vous avec les mots, avec l’exercice de parolier ?
Je ne me considère pas comme un poète, mais j’ai toujours un cahier ouvert dans lequel je note ce qui me passe par la tête. J’aime mélanger des choses triviales, écrites maladroitement, avec des choses plus littéraires ou des mots plus recherchés. J’ai l’impression d’avoir un pied dans un truc intello et l’autre pas du tout. Souvent, je lis en même temps que j’écris ; du Cendrars ou du Giono, par exemple… ou bien j’écoute du rap. Je pars généralement d’un mot, parfois, je vole une phrase entière… assez courte pour que ce soit accepté par ma déontologie intérieure [rires].
Qu’a-t-on envie de faire une fois le disque sorti ?
Ça fait quelques mois que je prépare les clips et la promo, et maintenant il faut que j’assure les release party et les concerts. Mais paradoxalement, j’ai déjà hâte d’écrire un disque !
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUCIE PONTHIEUX BERTRAM
Cactus Boy, Antonin Appaix
Sorti le 29 novembre
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