De quels rêves, cauchemars, songes enfouis, traces mémorielles, images collectives est-il question ?Avec Theatre of dreams, le chorégraphe britannique venu d’Israël nous fait entrer dans une sorte d’inconscient collectif dont nous reconnaissons les formes sans en saisir tout à fait les sens, sinon implicitement.
Un danseur aux allures militaires venu de la salle s’immisce dans une ouverture temporaire au centre d’un rideau rouge, comme une naissance à l’envers. Dès lors, derrière le rideau ouvert à sa suite, les images, virtuoses, s’enchaînent. Coupées. Arrêtées par des noirs brutaux en pleine action. Reprises en plein vol par des éclairages tout aussi soudain. Comme entre deux flashes. Entre deux, trois, quatre rideaux qui s’écartent et se ferment, orchestrant le spectacle comme sur une superposition d’écrans virtuels, où les corps, la matière, sont pourtant vivants. Et cela à toute allure, sans temps mort, s’amusant même de moments cycliques où les corps se succèdent sans fin mimant inlassablement l’évolution humaine, le passage des ans.
Inquiétante et familière étrangeté
Dans ce défilé d’images surgissantes on reconnaît quelques massacres, des abandons, des bribes de raves, de combats, de danses traditionnelles juive ou brésilienne. Les treize danseurs sont accompagnés par trois musiciens vêtus de blancs ou de rouge, d’électro live ou de pseudo samba en simili portugais. Les corps se déhanchent, des sourires naissent, le public est invité à partager la danse… puis on replonge dans un mouvement collectif, moins morcelé mais tout aussi rapide, assénant ses images noires, violentes, révoltées, jusqu’à l’épuisement. A l’arrêt, après un bouquet final qui occupe enfin toute la scène. Tout s’éteint.
Jusqu’à ce que la salle, muette, reprenne souffle, et se lève d’un bloc pour applaudir à tout rompre.
AGNÈS FRESCHEL
Theatre of dreams, créé au Théâtre de la Ville (Paris) a été joué au Théâtre Liberté, Toulon, du 23 au 25 octobre
A venir
Du 11 au 13 décembre
Théâtre des Salins, Martigues