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AccueilCritiquesBorn on the Bayou, et y rester 

Born on the Bayou, et y rester 

Ces 29 et 30 novembre, Opera Mundi a investi le Frac-Sud avec un cycle de films entre fictions et documentaires de création. Parmi eux Island Road de Francescu Artily, avec les premiers réfugiés climatiques des États-Unis

Pour célébrer les dix ans de son cycle de conférences, Opera Mundi a investi le Frac Sud avec un temps fort intitulé Interdépendances, cinéma et environnement. Le vendredi 29 novembre, le public a eu la chance de voir Dersou Ouzala, chef d’oeuvre d’Aki Kurosawa, en version restaurée. Le lendemain, c’est par un documentaire que les projections ont repris, en présence de son réalisateur, Francescu Artily. En 2018, il est allé filmer les habitants d’origine amérindienne de l’Isle de Jean-Charles, au sud de la Louisiane. La montée des océans due au changement climatique menace leur territoire. Island Road donne la parole aux habitants de ce bout de terre balayé par des ouragans de plus en plus fréquents, aux écosystèmes bouleversés par la montée inexorable de l’eau salée. Certains, descendants des peuples Choctaw, Biloxi et Chitimacha, déjà chassés de leurs espaces ancestraux à l’arrivée des colons américains, refusent d’être à nouveau relocalisés.

Le film, très poignant, s’attarde sur les souvenirs et la ténacité de ces vieilles personnes. Renoncer à leur mode de vie de pêcheurs pour aller s’installer sur le continent leur est difficile. « Est-ce qu’une culture survit lorsqu’elle est arrachée à un territoire ? C’est l’une des questions que pose mon film », souligne le cinéaste, sans apporter de réponse. Les seuls « jeunes » du documentaire, un frère et une sœur, ne s’imaginent pas non plus aller vivre en ville, « où les arbres poussent dans des jardins ». Sur leur île, les arbres sont sauvages, mais beaucoup, morts de trop de sel, ponctuent le paysage avec leurs troncs blanchis. Dans les bayous, il n’est plus possible de pêcher l’alligator comme avant. Les forages pétroliers, très nombreux alentour, ont tant contribué à son érosion qu’elle a déjà perdu plus de 90 % de sa superficie. De quoi faire de sa population les premiers réfugiés climatiques des US.

GAËLLE CLOAREC

Le week-end d'ouverture de la saison 2024-2025 d'Opera Mundi a eu lieu les 29 et 30 décembre au Frac Sud.
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