Un coucher de soleil au bord de l’eau. Une jeune femme de dos qu’un homme interpelle hors champ. Puis deux silhouettes, dans les couleurs pastel du couchant. Una (Elín Hall), une étudiante en art, et son copain, Diddi (Baldur Einarsson), qu’elle a rencontré dans son atelier de théâtre-musique, et qu’elle ne voit qu’en secret. Une situation qui pèse à la jeune femme. Ils sont amoureux, imaginent des vacances ensemble. Mais c’est décidé, il va quitter Klara (Katla Njálsdóttir) sa copine, qu’il fréquente depuis des années.
Diddi emprunte la voiture de son colocataire Gunni (Mikael Kaaber) et part au petit matin. Un long travelling dans un tunnel routier sombre, brutalement envahi par une lueur rouge. Un accident, grave, dont Una ne sera informée que plus tard. Elle est partie en cours et son portable n’a plus de batterie. Elle tente sans succès de joindre Diddi et à partir de ce moment-là, nous allons partager toutes ses émotions, son angoisse dans un couloir d’hôpital bondé.
Tous les amis de Diddi sont là, s’étreignant, se consolant quand ils apprennent sa mort. Mais quand Klara, la copine « officielle » rejoint le groupe, Una n’a plus de place et s’enfuit. La caméra de Sophia Olsson la suit en un long travelling, à contre courant de la foule, s’attardant sur son visage, nous offrant des gros plans d’une triste et saisissante beauté. Toute une palette d’émotions qu’Elín Hall exprime par petites touches : sa tristesse d’avoir perdu l’homme qu’elle aime, son impossibilité de le dire au monde, d’exprimer son chagrin. Peut-elle revendiquer sa place dans le deuil qu’elle vit ? Parfois elle est tentée de révéler son secret à sa rivale et à ses amis. N’est-il pas inévitable que les deux femmes se rencontrent ?
Une histoire universelle
« Le film pose la question de savoir comment nous gérons nos rôles dans des relations qui changent radicalement. Et il nous encourage à trouver l’amour et la beauté, même face à la douleur », explique Rúnar Rúnarsson, le réalisateur de ce film, tourné en 16mm. Un film tendre, touchant, charnel, sans dialogues superflus, un film qui nous raconte le travail du deuil « J’ai perdu un ami dans ma jeunesse, et j’ai voulu faire face aux émotions que j’ai ressenties le jour où cela s’est produit, en racontant une histoire universelle. »
Une histoire universelle dans une Islande que le réalisateur filme superbement nous permettant de voir l’amour et la beauté, face à la douleur.
ANNIE GAVA
When the Light Breaks, Rúnar Rúnarsson
En salles le 18 décembre