Les élèves de l’Eracm en troisième année continuent leurs créations personnelles en fin de cursus. Elliot Piette a sélectionné un texte de Thibault Fayner qui a la particularité d’avoir été écrit à partir d’un costume et non d’une situation ou d’un personnage. L’auteur a choisi le cadre de Londres où il a travaillé quelques temps et fréquenté des boîtes de nuit. Des expériences nocturnes et la fréquentation d’êtres en déserrance ont nourri son texte. Le personnage principal est une jeune femme qui chante sa hargne en s’accompagnant à la guitare. C’est Morgane Poulette, impressionnante Carla Ventre qui incarne son rôle à la perfection. Imbibée d’alcool et de came, elle éructe, crie, trébuche en s’acharnant sur son instrument. Un soir de cuite, elle séduit un acteur de séries télévisées, qui n’a de cesse que de la conquérir. S’ensuivent des rencontres orageuses, des chansons en duo, des cris et des coups. Thomas (Thomas Cuevas), du genre bellâtre sûr de son charme, a du mal à s’imposer mais n’abandonne pas. Leur relation est suivie par deux personnages extérieurs (épatantes Léa Gautier et Manon Tanguy) qui jouent le rôle d’un chœur qui commente l’action et s’interroge. Elles arpentent le plateau rectangulaire réduit à une longue bande dans un dispositif bi-frontal, disparaissent et reviennent par une autre porte. Des scènes de music-hall avec Thomas aveuglé par un projecteur, le sourire fabriqué de celui qui veut plaire au public, alternent avec des passages plus glauques.
Des destinées incertaines
Y-a-t-il là une possible histoire d’amour ? N’est-il pas trop tard ? Morgane acceptera-elle la main tendue ? Autour de ces quatre personnages sont évoquées des êtres délaissés, parqués (?) à l’écart des autres. En chansons et musique on reste dans le doute…
CHRIS BOURGUE
Le camp des malheureux de Thibault Fayner a été joué à l’IMMS-Friche La Belle de mai du 28 au 30 novembre.
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