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Le budget culture de Marseille préservé

Vendredi 13 décembre, le Conseil municipal a voté un budget culture 2025 en légère hausse par rapport à 2024, malgré l’incertitude budgétaire nationale, et d’autres collectivités qui ne font pas les mêmes choix. Entretien avec Jean-Marc Coppola, adjoint au maire PCF en charge de la Culture

Zébuline. Vous venez de voter un budget culture en légère hausse. Était-ce un choix difficile à faire, compte tenu de l’instabilité politique que connaît le pays ? 

Jean-Marc Coppola. Les choix politiques sont toujours compliqués à faire quand les budgets publics sont contraints, et que l’on ne sait pas ce que sera le prochain budget du gouvernement. Si on regarde le budget tel qu’il avait été présenté avant la censure, c’était 50 millions de moins pour Marseille. Mais si la politique se contente de simplement gérer comme un comptable les budgets publics, il n’y a plus besoin d’élus. L’art de la politique c’est de trouver des solutions face à des problèmes inextricables. C’est de répondre aux besoins, aux attentes de nos concitoyens. Ce qui est notable sur la ville de Marseille, c’est que l’on ne considère pas la culture comme une variable d’ajustement. 

D’autres collectivités n’ont pas fait le même choix. 

Je pense même que certaines collectivités se dévoilent derrière l’austérité budgétaire. Certains ont le courage de bien l’afficher, c’est le cas de la présidente de la région Pays de Loire [Christelle Morançais, qui s’apprête à baisser de 70% son budget culture, lire notre article ici]. Elle, pour le coup, annonce très clairement quelle est sa conception de la culture : elle considère que les acteurs culturels sont des enfants gâtés par l’argent public… C’est une méconnaissance de la réalité de la culture.

Mais quand je dis que certaines se dévoilent, je pense par exemple à la Région Sud [lire ici] qui considère que la culture n’est pas essentielle, vitale, prioritaire… parce qu’ils ont d’autres priorités, comme les Jeux olympiques d’hiver en 2030. Ils vont construire une patinoire à Nice, alors qu’il en existe une à Marseille, ou des canons a neige dans les Alpes… c’est du n’importe quoi. Le tout au sacrifice de la culture. Je ne donne pas de leçon à la Région, je fais le constat qu’elle a renoncé à la Cité du Cinéma et qu’elle baisse le budget de subventions de la culture. Pareil pour le Département, qui coupe de moitié son budget investissement culture. C’est dramatique. Alors que notre démocratie est malade, on a besoin d’oxygène, et c’est par la culture que cet oxygène viendra aussi. Les masques tombent sur la conception qu’ont les uns ou les autres de la culture.

Ces baisses peuvent avoir un impact direct sur les opérateurs culturels à Marseille ? 

Ces baisses vont poser des problèmes oui. Quand vous avez deux partenaires financiers qui diminuent le budget subventions, les opérateurs ont tendance à se tourner vers celui qui continue d’avoir un budget constant ou en légère hausse. Sauf que les besoins sont colossaux… Il en va parfois de l’existence même de certains opérateurs.

Si le nouveau gouvernement demande un effort financier aux collectivités, le budget de Marseille peut-il être revu ?

Non, parce que l’on a baissé l’endettement de la ville, donc on peut se permettre d’emprunter. Mais on ne pourra pas le faire chaque année. On attend des mobilisations citoyennes pour dire qu’il y a d’autres choix politiques, de gestion. Il y a de l’argent dans ce pays, mais il y a une injustice et une inégalité dans la répartition de la richesse, et on va demander encore aux plus pauvres de se serrer la ceinture. Nous, nous ne renonçons pas. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI

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