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Dans les cicatrices irlandaises

Avec son documentaire The Flats, Alessandra Celesia va à la rencontre des habitants d’un quartier de Belfast, toujours hantés par le conflit nord-irlandais  Les « Troubles » ont déchiré l’Irlande durant une trentaine d’ann

Les « Troubles » ont déchiré l’Irlande durant une trentaine d’années. Plus 3 500 personnes ont été tuées dont plus de la moitié des civils et plus de 50 000 personnes blessées. Parmi les quartiers les plus touchés, New Lodge, une enclave républicaine au cœur de Belfast, un ensemble de tours. C’est là qu’Alessandra Celesia est allée à la rencontre des gens, encore hantés par la violence et la mort. Pour cette cinéaste italienne dont le mari est irlandais,  « filmer est une manière de s’interroger et de se “soigner”. Il y a quelque chose que tu ne comprends pas du monde et c’est en le filmant que tu essaies de le saisir. Filmer le réel, c’est tenter d’y mettre un peu d’ordre aussi. »

Elle a rencontré Joe McNally, un républicain à fleur de peau qui ne s’est jamais remis de la mort de son oncle, tué par les loyalistes à l’âge de 17 ans. Il en avait 9, reste traumatisé, et suit des séances avec sa psychologue Rita Overend : « Je vois toujours les choses à travers mon regard d’enfant de neuf ans, je continue de les voir de la même manière », lui confie-t-il. Alessandra Celesia, après de longs mois passés avec Joe et ses proches, leur a proposé de revisiter leurs souvenirs, de remonter le temps jusqu’en 1975. Joe devant un cercueil colle un pansement sur le nez du jeune homme qui y est allongé. C’est le seul souvenir qui lui reste : son oncle avait été abattu d’une balle à l’arrière de la tête, ressortie par son nez.

Le passé sur les épaules

Plusieurs séquences, souvent émouvantes, émaillent ce documentaire où alternent présent et passé : des images d’archives dominées par des teintes de bleu nous rappellent des moments terribles comme la mort de Bobby Sands, un des responsables de l’IRA, après une grève de 66 jours. Cette période violente a laissé des souvenirs, des traces douloureuses sur les habitants des flats (« appartements ») de New Lodge qui continuent de vivre là, portant le passé sur leurs épaules.

Le regard bienveillant et lucide d’Alessandra Celesia permet d’approcher un pan de l’histoire de l’Irlande qui avait déjà été le décor d’un de ses films précédent, Le Libraire de Belfast en 2011. Avec ce nouveau documentaire très réussi – et co-produit par la société marseillaise Films de Force Majeure – elle réussit un voyage de remémoration attachant, qui a été sélectionné dans de nombreux festivals et est en lice pour la sélection des Oscars.

ANNIE GAVA

The Flats, d’Alessandra Celesia
En salles le 5 février

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