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AccueilCritiquesMusicatreize : La fin des Travaux

Musicatreize : La fin des Travaux

L’ensemble vocal Musicatreize a poursuivi son voyage herculéen à La Friche, avec Zad Moultaka à la compo et Bruno Messina au livret. Sans signer la fin du chantier !

Depuis plusieurs saisons, l’ensemble marseillais dirigé par Roland Hayrabédian passe commande et crée des œuvres vocales autour des 12 travaux mythique. Hercule, dernier acte donné le 21 janvier dans le cadre des Modulations du GMEM (Centre National de création musicale) en est un des multiples accomplissements et ne signe pas la fin de l’aventure, puisque d’autres commandes sont en cours.

Il s’agit plutôt ici de la fin du mythe : Hercule est absent, puis muet, ne s’exprimant que par sous titrage, puis avec la voix numérisée d’un vieux robot fatigué. Ses travaux ? « Il n’a rien fait pour nous », répète le chœur moderne. Le héros antique a déserté et la planète est en feu, en guerres, en assèchements. La Méditerranée antique est un terrain de mort, et les vidéos enchainent les routes désertiques qui peinent à se colorer.

Zad Moultaka déploie le livret de Bruno Messina opposant chœur qui chante et coryphée qui déclame (Patrice Balter), instruments enregistrés et voix vivantes, images vidéos et voix enregistrées qui dupliquent mal le réel et introduisent des décalages, disant toute l’impuissance du virtuel. Car l’absence du dieu laissera les humains face à leur propre responsabilité, invités à prendre en main les questions politiques, environnementales, humanitaires qui ne peuvent être résolues par des puissances désincarnées et inhumaines.

L’interprétation est au cordeau, les chanteurs jonglant avec la bande, l’image, leurs déplacements parfois maladroits, et réservant, chacun de beaux morceaux vocaux, sous la direction précise de Roland Hayrabédian qui déclenche aussi la bande, et donne, oreillette en tête, les tempos. Des difficultés musicales qui empêchent sans doute des incarnations plus sensibles : la partition offre peu d’émotions musicales, malgré sa gravité, et des embryons de souvenirs d’Orient qui affleurent parfois, et les beaux aigus d’Émilie Husson, les beaux graves d’Alice Fagard. Comment prendre conscience que ce monde sombre si on ne désire pas la couleur ?

AGNÈS FRESCHEL

Hercule, dernier acte a été donné le 21 janvier sur le grand plateau de la Friche La Belle de Mai, Marseille.  

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