Ce sont les performeur·euse·s brésilien·ne·s Davi Pontes et Wallace Ferreira qui ouvraient le bal du Festival Parallèle ce 31 janvier avec leur Repertório N.3, dernier volet de leur trilogie autour de l’autodéfense. Cette performance était donnée dans la salle Seita de la Friche, dont les gradins avaient été recouverts, le public été ainsi invité à s’installer tout autour du plateau, sur des chaises, des coussins déposés au sol et des tables. C’est donc au plus près des spectateur·ice·s que les deux artistes font irruption sur scène, complètement nu·e·s à l’exception de chaussettes et d’une paire de baskets lourdes. Une première image marquante, dans un silence absolu. Après un temps d’attente, où les deux artistes observent longuement le public, iels se lancent dans une étrange déambulation tout autour de la salle, martelant le sol avec leurs semelles, à l’unisson, militaire. Iels s’arrêtent, reprennent. À chaque pause, leur nudité permet de percevoir l’effet de leurs mouvements, simples mais éprouvants par leur répétition, sur leur corps. Parfois, l’un agrémente sa marche d’un mouvement des bras ou du poignet, que l’autre reprend presque immédiatement. Ou alors iels prennent la pose, de manière souvent suggestive. On se croirait face à un rite initiatique dont seul eux connaitraient les codes et auquel le public est bien forcé de s’adapter – voire d’y participer, comme lorsque Davi Pontes fait appel à certains spectateurs pour l’aider à pousser une table sur laquelle Wallace Ferreira prend la pose. Au fur et à mesure de la performance, leurs mines graves laissent place à plus de légèreté, voire d’autodérision, et leur complicité est de plus en plus visible.
From perf to rock
Après cette performance, direction le Grand Plateau pour une pièce chorégraphique signée Jeremy Nedd. from rock to rock…aka how magnolia was taken for granit se présente comme une exploration formelle et éthique autour d’un pas de danse, le Milly Rock. Un simple mouvement du bras, rabattu en rythme à l’avant du corps, qui fut au centre d’un procès entre le rappeur 2 Milly, qui affirme l’avoir inventé, et le jeu vidéo en ligne Fortnight, qui l’a repris et l’a rendu viral.
Sur scène, les cinq interprètes vêtus d’ensembles de jogging évoluent dans un décor frappé de blanc dont les quelques éléments visuels rappellent l’aspect rocailleux et enneigé des montagnes. En chœur, et sur une bande son qui bat la cadence, iels se mettent à effectuer le Milly Rock.
La simplicité et le caractère organique de ce geste permet de laisser transparaître la singularité de chacun·e d’entre eux, les différences d’amplitudes, les petites variations individuelles. Jeremy Nedd développe toute sa chorégraphie autour de ce mouvement, qu’il agrémente d’autres mouvements familiers des danses qui fleurissent sur TikTok. Mais au delà de l’aspect répétitif du geste, il incorpore des éléments humoristiques ou absurdes, comme quand l’un des interprètes arrivent sur scène à bord d’un Segway, ou un autre avec des chaussures en granite. Mais ces tableaux, qui détonnent avec d’autres plus poétiques, donnent un aspect parfois décousu à l’ensemble.
CHLOÉ MACAIRE
Repertório N.3 et from rock to rock… ont été joués le 31 janvier à la Friche La Belle de Mai.
Festival Parallèle
Jusqu’au 8 février
Divers lieux, Marseille
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