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Deux expos, en Parallèle

À Marseille, la jeune création contemporaine s’expose au Château de Servières et à art-cade, à l’occasion de la 15e édition du projet La Relève

Depuis 2006 et depuis Marseille, la plateforme Parallèle soutient toute l’année des initiatives artistiques, que ce soit en danse, théâtre, arts visuels, performance. Les projets des artistes soutenu·e·s sont placés au cœur du festival, accueillis sur les scènes de plusieurs lieux culturels à Aix-en-Provence et à Marseille, tels que, cette année, la Friche la Belle de Mai, le Mac, le Ballet national de Marseille, KlapSOMA et l’Embobineuse. En arts visuels, la galerie art-cade-Grands Bains Douches de la Plaine et le Château de Servières accueillent les deux expositions s’inscrivant dans le cadre du projet La Relève (7e édition cette année), qui présente les œuvres d’artistes diplômé·e·s d’école d’art depuis 3 ans maximum. 

Un brin sarcastique

« Nôtre part belle » a été la thématique proposée par Parallèle pour l’exposition au Château de Servières. La directrice du lieu Martine Robin a organisé l’accrochage des œuvres des 20 artistes retenu·e·s en trois ensembles : récits fictionnels et archéologie/écologie, paysage, et climat/valeurs partagées nouvelles, soin et collectif. Échappe à ces trois ensembles la proposition Moi ma pratique de Lila Schpilberg, accrochée à l’entrée de l’exposition : un inventaire de « pitchs » d’art contemporain, encapsulés dans 10 porte-clefs standards, pour ouvrir les portes du monde de l’art, après l’école. Telles que : « mmh moi je suis artiste marcheur, je réfléchis au territoire, à la cartographie », « en vrai, moi je taffe avec l’imagerie internet, les memes, l’intelligence artificielle générative », « bah moi je touche du doigt l’ambiguïté entre art et artisanat », « j’sais pas moi, je m’intéresse aux nouveaux récits, l’identité, la mémoire, la famille, l’archive »… Force est de constater que chacun des travaux présentés dans l’exposition peut relever de l’une ou l’autre de ces 10 phrases, un brin sarcastiques. Force est de constater également qu’ils ne peuvent s’y réduire, excédant par les formes et les subjectivités de chacun·e la rengaine des justifications politiquement correcte à fournir aux éventuels soutiens publics ou privés.

Autre point commun parmi les travaux présentés : le déballage d’objets, gardés, récoltés oucréés, à partir d’un récit ou pour faire récit, qu’il soit personnel et/ou documentaire et/oufictionnel. Ainsi un maillot de sport, des parfums et des médailles accompagnés d’une vidéo interrogent les figures stéréotypées de la masculinité. Sur une étagère horizontale en béton, les objets-sculptures aux matières étranges d’un récit de science-fiction féministe. Disposé sur des rouleaux quadrillés et dorés déroulés au sol, les trouvailles créées d’une archéologie fantasmagorique à ramification exponentielle. Ou bien encore un ensemble d’objets liés à un tchat internet culte, l’évocation en textes, photographies, son d’un parcours de vie féminin et militant borderline, une armoire-mémoire remplie d’objets et de photographies d’une famillefranco-malienne. À côté de ces collections d’objets, certaines étant activées lors de performances, on trouve d’autres propositions aux pratiques plus spécifiques : sculpture, peinture, installation in-situ, vidéo. Tout aussi plastiques, sensibles, politiques voire militantes, et intrigantes.

© Lila Schpilberg

Collectif dans le vent

Pour art-cade, l’appel à projet de Parallèle s’adressait uniquement à des collectifs, endemandant de construire une proposition en réponse à la spécificité architecturale du lieu : un enchainement de trois coursives en triangle autour d’un patio végétalisé central. C’est aussi un récit, ou plus exactement un roman de science-fantasy, La Horde du Contrevent d’Alain Damasio, qui est le moteur des propositions élaborées par le collectif marseillais Mastic. Un roman qui narre les aventures, dans des contrées dominées par les vents, d’une horde de 23 membres qui doit remonter jusqu’à l’origine du vent, pour trouver un havre de paix et de tranquillité. 

Parmi les œuvres (texte, objets, vidéo, sculptures, installations, peintures) produites par les 19 artistes, sensibilisé·e·s à la notion de survie collective dans un monde dystopique : un inventaire d’objets destinés à la survie émotionnelle présentés par un ange, des indications météo fantaisistes et ultra-noires sculptées sur fonds peints vaporeux, des blocs en dissolutionavec hélices en résine, et, juste avant un mur de ventilateurs, un endroit pour se ressourcer avec gelée d’orties, peintures de poissons, sculpture en sucre, guérisseuse d’oiseaux. Derrièrele mur, une couverture de survie branchée sur un climatiseur transformé en collecteur d’air, et dans une salle, une sculpture en bois, à la fois barque et brise-vent, un mini-laboratoire, une installation ésotérique prônant l’errance comme expression plastique, une ligne murale de chauffage électrique à infra-rouge. Et sur un écran, la colline verdoyante et ciel bleu windows, à la fois début et fin d’une session.

MARC VOIRY

La Relève 7
Jusqu’au 22 mars
Château de Servières et art-cade-Grands Bains Douches de la Plaine, Marseille

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