jeudi 6 mars 2025
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L’heure de la mobilisation

Zébuline. Depuis plusieurs semaines, de nombreuses assemblées générales se tiennent partout en France. Est-il important que cette colère, cette inquiétude, trouvent un écho dans une grande mobilisation ?

Ghislain Gauthier. On n’a pas le choix. Soit on réussit à faire une mobilisation durable et conséquente, soit on va se faire laminer.

Depuis quelques mois, les coupes budgétaires se multiplient. Des conséquences se font-elles déjà sentir ? 

Oui il y a des conséquences très concrètes. Déjà l’an dernier, les programmations ont été réduites. Dans la Région Pays de la Loire [sa présidente Christelle Morançais a coupé 73% des subventions à la culture, ndlr] le Frac de Nantes va fermer, et d’autres établissements sont très fragilisés. Il y a aussi ce qui se passe dans l’Hérault, avec des structures où la programmation est presque réduite à néant, toute l’année.

Dans l’Hérault,  la majorité socialiste prévoit une coupe de 100%… Vous avez été étonné de cette décision ? 

Étonné non. Kléber Mesquida avait déjà fait un coup compliqué l’année dernière. Le Conseil départemental mettait des infrastructures à disposition des compagnies, et il avait décidé d’arrêter, sous prétexte que juridiquement ça le mettait en difficulté par rapport à d’autres acteurs privés qui proposaient ce même service. Les Départements, en grande majorité, ont des difficultés, leurs budgets sont atteints et ils ont des compétences sociales obligatoires. Mais cela justifie-t-il de couper 100% des aides ? Je ne le crois pas.

Rachida Dati vient d’annoncer une réforme du pass culture [lire encadré]. Qu’en pensez-vous ?

Cette réforme semble aller plutôt dans le bon sens. Mais si elle insuffle un peu de justice sociale, elle ne remet pas en cause le dispositif, et sur le fond le problème reste le même : ce sont des centaines de millions d’euros captés par le secteur privé. 

Et la part collective reste gelée, entraînant du flou pour le monde éducatif et artistique. Comment expliquez-vous cette situation ?

L’année dernière, la somme budgétée à la loi de Finance a été dépassée, parce que ce sont des aides guichets : si l’offre est acceptée par l’école, l’État doit l’argent. Donc les crédits supplémentaires ont été pris sur l’année suivante, et on a commencé 2025 avec un trou de 30 millions. Élisabeth Borne a honoré les demandes déjà acceptées, et gelé le dispositif qui ne  rouvrira qu’en juin, car il reste encore 20 millions d’euros à dépenser – qui partiront très vite. Cela signifie que l’on n’a pas assez d’argent pour répondre au besoin d’éducation artistique et culturel. Et les gamins, tout au long de l’année, n’auront pas accès à des activités culturelles, faute de budget. 

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NICOLAS SANTUCCI 

Pass Culture : la part individuelle révisée


En décembre dernier, le bilan dressé par la Cour des comptes sur la part individuelle du pass Culture était implacable : il est coûteux, d’une efficacité sociale limitée, et enrichit une petite oligarchie de l’industrie culturelle (en cinq ans, 100 millions d’euros ont été reversés à la seule Fnac). Un décret paru le 28 février revient finalement sur une partie du dispositif : les moins de 17 ans n’en bénéficieront plus, et le budget alloué aux jeunes de 18 ans passe de 300 à 150 euros. Il pourra être bonifié de 50 euros pour les personnes en situation de handicap, ou en fonction du quotient familial. Reste à savoir comment les crédits sauvegardés seront redistribués, et s’ils bénéficieront bien aux artistes, aux auteurs et à la création… [Lire ici]

NICOLAS SANTUCCI

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