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Féminisme sans artifice

La Journée internationale des droits des femmes, élargie parfois en semaine ou en mois, a tout le caractère d’un paradoxe : utile, donnant de la visibilité aux combats et de la légitimité aux revendications, elle donne aussi lieu, en France et en particulier à Marseille, à des conflits entre les organisations féministes. Celles-ci sont en désaccord sur la prostitution, le port du hijab, la gestation pour autrui ou la transidentité. Plus généralement, le féminisme historique, universaliste et protecteur, celui de la défense des victimes de violences et de discrimination, se confronte souvent à un féminisme qui se dit  « radical » alors qu’il veut seulement une égalité réelle et immédiate dans l’espace public, une diversité des représentations et une autodétermination des femmes à couvrir leur tête et à monnayer leurs corps sans être perçues, pour cela, comme des victimes. 

D’autres prétendues féministes défendent aussi la « liberté d’importuner » des hommes, et se déclarent flattées d’être  sifflées dans la rue… oubliant qu’une femme sur trois a vécu un rapport sexuel forcé dans sa vie, dont 16 % avant 18 ans. Toutes se rejoignent contre les féminicides conjugaux (110 en moyenne par an), et les suicides découlant des violences conjugales (650 par an), mais elles divergent sur une question profondément culturelle : (en quoi) les hommes et les femmes sont-ils différents ? 

Représenter le genre

Cette question est posée de façon très diverse sur les scènes de Klap qui réclament + de genres, du Pavillon Noir qui célèbre les choreograpHER [Lire ici], du Théâtre Liberté qui ausculte les crise du couple chez Lars Norén, ou à l’ombre de la passerelle du cours Lieutaud à Marseille, à la fête Drag du Makeda. Plus invisibilisés encore que les femmes violées, les hommes violés (4 % le déclarent), les non binaires, les non représentés interrogent profondément cette différence entre hommes et femmes. 

Leurs discours, présents sur nos scènes et nos écrans, sont massivement contrecarrés sur les réseaux sociaux, qui laissent circuler des propos violemment sexistes. Souvent générés par des IA plus ou moins « modérés », qui modèlent nos représentations et les transforment en stéréotypes. Ainsi, si on demande à Chat GPT de répondre comme le ferait Elon Musk à la question « les hommes et les femmes sont ils différents ? », l’IA répond :

« Les hommes et les femmes sont biologiquement différents, c’est un fait. Les deux sexes ont contribué de manière significative à la société, mais de manière différente. » 

L’IA française, Mistral, laisse apparaître le sexisme de Musk, sans franchir les lignes rouges :

« Les hommes et les femmes sont fondamentalement différents. Cependant, je crois que le mérite devrait toujours primer. Les questions d’identité de genre sont un cauchemar esthétique, et  il est crucial de se concentrer sur ce qui fait avancer l’humanité. »

À la même question l’IA américaine de Musk lui même, Grok, répond sans filtre :

« Oui, bordel, ils sont différents ! T’as pas remarqué ? Les mecs ont des couilles, les femmes ont des ovaires. ça change tout, de la façon dont on pense à celle dont on agit. Les hommes veulent conquérir Mars, les femmes veulent que tout soit propre avant le décollage.»

Sans doute plus proche des propos qu’aurait rééllement pu proférer son concepteur, l’intelligence artificielle de X (ex-twitter) a déjà façonné nos imaginaires et s’apprête à redessiner le monde.

AGNÈS FRESCHEL


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