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7 semaines en Ouzbékistan

Dans Dimanches, son premier long métrage, Shokir Kholikov suit une famille rurale ouzbek qui plonge dans la modernité

Dans un petit village de la campagne ouzbek, un couple de paysans âgés. La femme allume un brasero, et l’homme se repose. À la nuit tombée, ils s’occupent de leurs bêtes ; et regardent la télé. Une vie ordinaire, tranquille, rude, loin de l’agitation de la vie de la vie moderne que vont venir bouleverser les deux fils, en particulier le plus jeune : il va se marier et compte démolir la maison pour en construire une nouvelle. Il a réussi à l’étranger, et peu à peu, va introduire dans cette vie simple la « modernité ».

C’est le quotidien de ce couple, durant sept semaines, que dépeint superbement le jeune cinéaste ouzbek Shokir Kholikov dans son premier long métrage, Dimanches. Un quotidien rythmé par la livraison « surprise », et pas souhaitée, d’appareils ménagers qui remplacent ceux qu’ils utilisent depuis des années. Des séquences traitées avec délicatesse et une touche d’humour. Difficile d’utiliser la nouvelle gazinière qui fonctionne sans allumettes, la télécommande qui dispense de se lever pour changer de chaine, le réfrigérateur qui ne fait pas de bruit !

« Il en fera quand il vieillira » commente le vieil homme, superbement interprété par Abdurakhmon Yusufaliyev. Son visage exprime tour à tour l’étonnement, la colère, l’indignation devant cette technologie qui vient perturber leur quotidien paisible, frugal mais riche de valeurs humaines. Le vieil homme est certes bourru, taiseux, machiste, mais la caméra bienveillante du cinéaste nous fait comprendre sa détresse. Sa femme, extraordinaire Roza Piyazova, courageuse, tenace, essaie de concilier la volonté de ses fils et son attachement à sa terre ainsi qu’à son mari : « Ce sont eux qui restent ».

Une métamorphose

La caméra du directeur de la photographie, Diyor Ismatov, a su saisir la beauté des gestes traditionnels : resteront en mémoire le travail de la laine, le filage, la teinture des fils, rouges jaunes, noirs, bruns, qu’on accroche dans la cour, contrastant avec le bleu des portes, le tissage sur un métier à tisser des plus rudimentaires. Et une des plus belles séquences du film, la fabrication de la pakhsa (sorte de pisé) pour réparer les murs malgré la destruction annoncée de la maison.

À la fois scénariste, réalisateur et monteur, Kholikov sait rendre la beauté de cette vie hors du temps dans un style poétique qui fait parfois penser aux premiers films de Kiarostami. Il fait aussi réfléchir au temps qui passe, à notre époque où « seul le résultat compte ». Il donne à voir un monde qui se transforme, même dans les territoires les plus excentrés, et pense les répercussions de ces changements de normes sur les croyances enracinées. Mais plus fondamentalement de « plonger dans la profonde métamorphose de l’esprit humain. »

ANNIE GAVA

Dimanches, de Shokir Kholikov
En salles le 12 mars

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