Guidés à l’année dans l’apprentissage des rouages du journalisme, dans l’analyse de l’information et dans la découverte du milieu artistique, l’équipe de jeunes chroniqueurs issus de l’asso de Noailles ont cette fois étudié le parcours de Temenik Electric. Ils ont pu rencontrer son chanteur, Mehdi Haddjeri, et le questionner avec la plus grande attention sur l’album en cours de sortie et l’accompagnement de la Cité des Minots, dont les concerts se tiendront au Silo ces 18 et 19 juin.
Les apprentis. Nous avons visionné les deux nouveaux clips de Temenik Electric. Pourquoi as-tu choisi deux thèmes si différents, les tourments et l’amour ?
Mehdi Haddjeri. Pour moi, ces deux thèmes ne sont pas différents. Dans tout l’album que l’on sortira cet automne, j’ai choisi d’aborder le thème de l’amour dans le sens large. Je parle d’amour dans les deux clips mais dans un sens différent. L’amour, c’est large.
Est-ce que les « tourments » dont tu parles dans Be Cif sont des tourments vécus ?
Oh ! Comment tu sais que je parle de tourments ? Ce n’est pas moi d’ailleurs, c’est le chanteur, c’est toujours pareil ! Est-ce que c’est moi ou un personnage ? C’est comme dans les films : on fait parler des personnages mais on parle à travers eux, et ce dont tu parles peut parler à plein de gens : les tourments que je peux avoir, d’autres les ressentent. Bé Cif, ça veut dire « de force ». Je veux exprimer que quoi qu’il arrive il faut s’en sortir.
Qui sont les personnages blancs étranges qui t’entourent dans le clip de Bé Cif ? Que représentent-ils ?
Ce sont les différents personnages qu’on peut avoir dans la tête, ceux qui entraînent ton tourment. C’est une image pour montrer que nous sommes plusieurs dans ma tête.
On retrouve dans les deux clips le peignoir, l’ours en peluche et les éléments du salon, qui font penser à l’intimité du foyer. Est-ce que le foyer a une importance particulière pour vous ?
J’en ai fait des interviews avec des journalistes, et je n’ai pas eu ce genre de questions. Là, tu me permets de réfléchir à l’importance de mon foyer ! C’est primordial pour moi. Je suis le dernier enfant d’une famille de quinze ! C’est donc un sujet central. Jérôme, le réalisateur et bassiste du groupe, a capté qu’il y avait des endroits et des gens très importants pour moi, dans ma musique.
Tu as choisi le thème de l’exil algérien pour le grand concert de la Cité des Minots. Qu’est-ce que cet exil représente pour vous ?
L’histoire familiale ! Parler de l’exil c’est parler de mon histoire et celle de plein d’autres familles. C’est un sujet important, nous, enfants de France qui avons des origines. On arrive par le projet de la Cité des Minots à rejoindre les programmes scolaires, c’était notre souhait.
Quels ont été vos critères dans le choix du répertoire de la Cité des Minots ?
On a essayé de regrouper des chansons des années 1050 à d’autres d’aujourd’hui, des chansons de femmes, dans le but de rendre hommage à ces personnes qui dans leurs chansons ont traversé l’histoire de France et leur parcours d’immigrés.
Quelles ont été les difficultés rencontrées au cours de l’apprentissage des chansons avec les enfants ?
J’ai la double casquette, celle de chanteur mais aussi de constructeur de la Cité des Minots, travaillant au Nomad’. On s’est rendus compte que les enfants de CE1 et CM2 n’avaient pas de difficultés à apprendre larabe, ou bien le béninois, comme l’an dernier. Ils peuvent apprendre plein de répertoire car ils s’appuient sur les sonorités. C’était plus galère pour les musiciens intervenants, pour les adultes, et pour moi ! Je ne parle pas l’arabe naturellement, je ne le parle qu’en chansons.
Que vous apporte personnellement le fait de travailler avec des centaines d’enfants ?
Ça me donne beaucoup d’énergie et j’ai l’impression de servir à quelque chose. Parfois, quand tu es artiste ou que tu portes des projets, tu te poses plein de questions sur le sens de ce que tu fais. Travailler avec des enfants donne du sens à ma démarche.
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MAM’BOUSSO, HIMDA, IZZA, ALA, MANSOUR ET YAMINA
PROPOS RECCUEILLIS PAR LUCIE PONTHIEUX BERTRAM
La Cité des Minots
Du 16 au 19 juin
Silo, Marseille
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