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AccueilMusiquesAmandine Habib : le jeu des Dominos

Amandine Habib : le jeu des Dominos

La galerie marseillaise Zemma a accueilli la pianiste dans le cadre de l’exposition Ligne de Crête d’Alexandra Pitz

Les spectateurs réunis à la galerie Zemma sont conscients de leur chance : assister à un concert de la pianiste Amandine Habib dans un petit écrin intimiste dédié aux arts contemporains. 

Marc Ragouilliaux, fondateur du lieu, aime mélanger les genres. Il a demandé à Alexandra Pitz, qu’il accueille jusqu’au 19 juin dans son exposition Ligne de Crête, ce qu’elle aimerait entendre. « Du baroque », répond-elle car elle crée en écoutant les grands noms du genre. Le concert devient un écho vivant aux œuvres exposées. 

Les pièces choisies par la pianiste dialoguent avec les celles d’Alexandra : des têtes sans yeux ni bouches mais ô combien humaines, des ciels éperdus. « J’ai toujours cherché à créer deponts entre les arts. Je travaille avec des danseurs des comédiens. Mais j’ai moins l’occasion de partager avec des plasticiens. Pourtant nos regards se répondent », explique la pianiste.

Au centre de son programme, la musique raffinée de François Couperin, maître du clavecin français du XVIIIe siècle. Sa suite, Les Dominos (costume emblématique des bals masqués à Versailles) est une métaphore des passions humaines. Elle associe à une couleur, un caractère : la Langueur en violet, la Frénésie en noir, la Coquetterie sous différents dominos.À travers ces pièces courtes expressives, Couperin peint les visages de l’âme comme ceux des têtes cabossées d’Alexandra. D’autres pièces, telles que Les Lis naissantsLes rozeaux ou le très rythmique Tic-toc-choc, prolongent cette découverte des miniatures poétiques.

Exhumer les oubliés

Couperin vient dialoguer avec des compositeurs et compositrices du XIXe et XXe siècles peu connus, un « programme de grand écart » comme elle les aime. On découvre le Britannique Samuel Coleridge-Taylor, d’origine africaine et antillaise, il était surnommé le « Mahler noir » et était engagé dans la lutte pour les droits civiques. Injustement oublié depuis, Amandine Habib interprète ses Sometimes I Feel Like a Motherless Child et Papillon. Passent aussi l’Américaine Amy Beach, Margaret Bonds, un des premiers grands noms féminins afro-américains de la musique classique et Meredith Monk, pionnière de la performance musicaleexpérimentale.

Amandine touche par sa simplicité et son goût du partage. Elle joue, échange comme lors d’un dîner entre amis. D’ailleurs, elle s’est mise pieds-nus pour mieux sentir le contact avec les pédales. Si on devait choisir pour elle un Domino, ce serait le vert, la couleur chez Couperin de l’Espérance.  

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 12 juin à la galerie Zemma, Marseille. 

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