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Châteauvallon contre le fascisme

Il y a 60 ans, s’est édifié au cœur de la pinède Châteauvallon, dans un esprit de résistance. Entretien avec son directeur Charles Berling

Zébuline. Vous commencez votre Festival d’été par un parcours qui retrace les 60 ans du lieu. Pourquoi célébrer cette mémoire ? 

Charles Berling. Parce qu’elle est importante. Ce lieu est né dans les années 1960, dans la lignée des festivals qui ont démocratisé la culture au sortir de la guerre. Un lieu qui a été pour moi un phare dès l’âge de 13 ans, j’y ai écouté du jazz, j’y ai découvert la danse contemporaine. Aujourd’hui nous fêtons les 60 ans d’une utopie politique faite pour augmenter nos capacités d’émotion et de réflexion. 

Est-elle devenue une réalité ?

En un sens oui. Cette cité des arts, de la science et de la nature était une anticipation de l’idéal de décloisonnement d’aujourd’hui. Elle est partie de presque rien, de l’amitié de deux couples…

Le peintre Henri Komatis et le journaliste Gérard Paquet, et leurs femmes, qui ont découvert et restauré la bastide initiale dans la pinède

Avec les citoyens qui ont fabriqué ce site de façon empirique et amoureuse, en particulier l’amphithéâtre. Ce lieu symbolise ce qu’il faut absolument garder : le passionnel, l’âme, l’esprit, la liberté.

Et qui est en danger ? 

Oui, c’est aujourd’hui violemment attaqué, nous restons sans remparts contre le productivisme et le totalitarisme. 

Le Front national qui a gagné les municipales en 1995 a mis fin à cette utopie… 

Oui, il a voulu détruire cette liberté de penser. C’est la même lutte qui est à l’œuvre aujourd’hui. Je ne sais pas ce qui va se passer dans l’agglomération toulonnaise mais nous devons absolument regrouper nos forces républicaines et ne pas laisser le RN reprendre la ville. 

La ville, l’agglomération, le département, la région, le danger du RN est partout… Que ferez-vous s’il accède au pourvoir ?

Je ne sais pas. Est-ce que je partirai, est-ce que je resterai pour lutter, il est trop tôt pour le dire.  Mais je sais deux choses : je résisterai jusqu’au bout pour que cela n’advienne pas. Et je continuerai à dialoguer avec ceux qui votent pour lui et ne savent pas ce qu’ils font. Mais le RN n’est pas le seul en cause dans ma peur du futur. 

C’est-à-dire ? 

La droite aussi veut détruire le service public de la culture. Ici on a 50 personnes qui travaillent à créer des liens. Les salles sont pleines, la population aime ce que nous faisons, mais la Région nous enlève 10%, le Département du Var aussi, et les autres depuis notre création n’ont pas indexé nos subventions. Ce qui fait que nous perdons 2 à 3 % par an. 

Pour quelle raison ? 

La classe politique est totalement désorientée. Je ne sens pas non plus à gauche, aujourd’hui, une conscience de l’importance de ce que nous faisons. Carole Delga elle aussi baisse les subventionsde 10 % en Occitanie. Je suis très inquiet pour l’avenir. 

Et en même temps… je suis très confiant dans le travail de fond que l’on fait ici. Nous avons restitué l’histoire de Léon Blum avec un succès unanime, nous avons emmené 30 jeunes issus de la diversité – je déteste ce mot – à Buchenwald pour travailler des textes de Semprun. Non les musulmans ne sont pas antisémites, ils sont émus par cette histoire et la rendent avec une incroyable émotion, pour peu qu’on leur donne la parole. C’est ce que nous faisons…

Les formes participatives sont de plus en plus nombreuses dans votre programmation… 

Oui, nous faisons un film avec des enfants qui se projettent sur 60 ans d’avenir. Nous apportons énormément à cette société qui croit que nous lui coûtons, et qui cède notre mémoire et nos arts à la voracité des Gafam qui nous décervellent. La culture publique est la seule à lutter contre les amalgames abrutissants de l’industrie du divertissement. Il faut relire Hannah Arendt, il faut retourner à cette pensée qui nous éclaire…

Vous avez fait un spectacle sur la philosophe. Que nous apprend-elle ?

Que le divertissement étourdit. Qu’un discours haineux simpliste est terriblement plus efficace pour convaincre qu’une pensée articulée et dialectique. Que les démocraties ne se battent pas à armes égales contre le fascisme. Hélas, on vit aujourd’hui des parallèles troublants avec cette époque.

ENTRETIEN REALISE PAR AGNES FRESCHEL

Festival d’été de Châteauvallon
Du 26 juin au 29 juillet

Soirée d’inauguration
Le 27 juin

Norma
Le 26 et 28 juin

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