Dans ce livre, l’écrivain franco-algérien Yahia Belaskri a souhaité mettre en lumière la persécution du peuple arménien par l’empire ottoman et, pour ce faire, a fait le déplacement jusqu’à Samarcande, en Ouzbékistan. Il confie que la ville l’a impressionné par la coexistence pacifique de communautés religieuses diverses ainsi que par son patrimoine historique.
Carnets de fuite
N’oublie pas notre Arménie prend la forme de « carnets » rédigés par Maritsa, une jeune femme médecin dépêchée en avril 1909 à Adana dans le cadre d’une mission humanitaire. La ville, qui avait appartenu au royaume arménien de Cilicie est encore, en ce début de XXe siècle, un lieu refuge pour de nombreux Arméniens, bien qu’elle soit désormais sous domination ottomane.
Peu après l’arrivée de la jeune femme, des Turcs nationalistes massacrent la population arménienne de la ville. Maritsa fuit en compagnie d’autres Arméniens et surtout du père Burak, d’abord en Syrie, puis toujours davantage vers l’Est. Au cours de cette errance tragique, les exilés sont accueillis avec hospitalité par des représentants de diverses communautés et prennent part aux échanges philosophiques et religieux sur le futur de l’empire ottoman et des peuples qu’il rassemble.
Poésie et spiritualité
À la question portant sur le choix de cette thématique pour son nouveau roman, Yahia Belaskri répond simplement : « Tous les hommes et toutes les femmes sur terre qui souffrent sont les miens. »Dans ce carnet de route et de réflexions, le rapport à la spiritualité prend une place prégnante. Le texte est imprégné de poésie et de chants, à travers lesquels les Arméniens des pays traversés partagent leurs douleurs, leur nostalgie et leurs espoirs. Yahia Belaskri propose ainsi une réflexion sur la tolérance et le dialogue interreligieux, plus que jamais d’actualité.
GABRIELLE BONNET
N’oublie pas notre Arménie, de Yahia Belaskri
Éditions Zulma - 18,50 €
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