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A feu doux.: « Il faut bien que vieillesse se passe »

Le premier long métrage de Sarah Friedland sur l âge et l’oubli.

Une octogénaire est en plein préparatifs culinaires. Après avoir dressé la table, elle s’habille avec soin et élégance dans une atmosphère feutrée. Elle attend un homme… un rendez vous galant. Lorsqu’il arrive et à sa demande, il se présente Il s’appelle Steeve (H. Jon Benjamin) et il est architecte. Il lui demande des nouvelles de sa santé. puis lui annonce qu’ils vont partir : un voyage surprise. Il semble gêné devant les regards et un geste tendre de Ruth. C’est par cette séquence qui met le spectateur un peu mal à l’aise que commence le film de Sarah Friedland, A Feu Doux ( Familiar touch). Et le voyage surprise en est bien un ! Ruth, qui perd la mémoire, est placée dans un établissement spécialisé, Bella Vista, un lieu où tout est fait pour rendre le plus agréable possible la vie des personnes qui ont perdu leur autonomie. Elle est prise en charge par la douce Vanessa, (Carolyn Michelle) et l’équipe médicale. Et c’est cette nouvelle vie que nous fait partager Sarah Friedland qui a écrit son scenario à partir d’expériences à la fois personnelles et professionnelles : la relation avec sa grand-mère et son travail en tant qu’assistante pour  artistes new yorkais en proie à des troubles de la mémoire. «J’’ai compris que si je voulais vraiment faire un film contre l’âgisme, mes méthodes devaient refléter l’éthique du projet. » Elle a donc travaillé avec les résidents de la Villa Gardens Health Center Community qui ont, dit –elle, apporté beaucoup de nuances dans le ton, l’humour, l’absurdité et la bizarrerie du film. Contrairement à nos craintes de spectateur sur le sujet, le placement d’une femme en maison de retraite, on ne sort pas de ce film démoralisé. Car si Ruth, perd la mémoire, elle garde sa vivacité dont vont faire l’expérience soignants et résidents. Les scènes cocasses se succèdent ; recette du bortsch donnée au médecin qui l’examine, préparation, à la place du cuisinier,  d’assiettes alléchantes pour les pensionnaires, atelier de décorations. Ruth est certes déconnectée du réel mais emmène souvent, dans sa réalité à elle, son entourage, emporté par sa joie de vivre et son sourire. Sur le visage de Kathleen Chalfant qui l’interprète superbement passent successivement la joie, l’enthousiasme, l’énergie, le désarroi, la colère, la tristesse parfois  de cette femme qui a vieilli.

Un film dont la mise en scène, en particulier dans la manière de filmer les corps, le cadre, les couleurs,  aborde sans pathos, avec beaucoup d’humanité la question du grand âge et de l’oubli. « J’espère que certains sortiront de la salle plus liés à leur propre incarnation et avec ce que signifie vieillir. » précise Sarah Friedland.  On l’espère…

Annie Gava

A feu doux, qui a obtenu à la dernière Mostra de Venise le Lion du futur du meilleur premier film,  la meilleure réalisation « Orizzonti » et le Prix de la meilleure actrice pour Kathleen Chalfant ,sort en salles le 13 août

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