vendredi 1 août 2025
No menu items!
Cliquez sur l'image pour vous abonnerspot_img
AccueilMusiquesBach et Brahms à l’abbaye

Bach et Brahms à l’abbaye

À Salon de Provence, la musique de chambre a mêlé recueillement et éclat. Bach et Brahms y ont trouvé des interprètes d’exception.

C’est toujours une grande émotion lorsque retentissent les premières notes du prélude de la Suite N°1 en sol majeur BWV 1007 de Bach. Dans la belle acoustique de l’Abbaye de Sainte Croix, l’un des cadres du Festival international de musique de chambre de Salon, celui-ci résonne magistralement d’autant qu’il est interprété non pas par un mais deux violoncellistes. 

Le projet de Zvi Plesser et de Hillel Zori deux musiciens israéliens de dimension internationale est audacieux : transformer la voix solitaire du violoncelle en un dialogue à deux instruments, en distribuant les voix. À Salon, ZviPlesser est accompagné par Benedict Kloeckner. La Suite N° 1 estsans doute une des œuvres les plus célèbres du répertoire pour violoncelle. Et si Bach reste Bach, avec cette exigence, cette sacralité, ce recueillement, le jeu entre les musiciens allège le propos qui prend parfois le chemin d’une douce allégresse. Tout au long de l’œuvre, Prélude, Allemande, Courante, Sarabande, Menuets I & II, Gigue, les violoncelles se répondent et se complètent. Zvi Plesser, le plus âgé harmonise, dans un rôle de basse continue qui ne lâche rien de la ligne originale. Benedict, avec ses gestes amples, ses pizzicatos à l’élégance d’un luth, virevolte. 

Tempête musicale

Changement total de programme avec l’arrivée sur scène de la violoniste Clémence De Forceville, élégante et délicate, de l’altiste Amihai Grosz et du pianiste Franck Braley qui rejoignent Benedict sur scène pour le Quatuor pour piano et cordes n°3 en ut mineur, opus 60, œuvre majeure de Johannes Brahms, surnommée le « Quatuor Werther», référence au roman de Goethe Les Souffrances du jeune Werther, à son intensité émotionnelle et son atmosphère tragique.

Depuis son Steinway, en fond de scène, Braley, à la beauté christique (ou diabolique), virtuose, précis, énergique, dirige les trois cordes endiablées dans les deux premiers mouvements, sereines dans l’Andante débutant par un solo de violoncelle apaisé qui marque l’accalmie après cette tempête musicale. La connexion entre les instrumentistes est totale jusque dans leurs respirations et leurs souffles qui s’accordent. On mesure à leur contact, dans la richesse de la proximité de la musique de chambre, ce qu’excellence veut dire. L’œuvre donne large place aux solos, qui permet d’apprécier les qualités exceptionnelles de chaque instrumentiste. Le final est un feu d’artifice dont on peine à se remettre. 

Il faut bien quelques minutes pour entrer à nouveau dans la Suite N°3 en ut majeur BWV 1009 de Bach interprétée, elle aussi, par les deux violoncellistes. Maispleine d’énergie, affirmée et rayonnante, elle finit par s’imposer.

ANNE-MARIE THOMAZEAU

Le concert s’est déroulé le 29 juillet, à l’Abbaye de Sainte-Croix

Retrouvez nos articles Musiques ici

Article précédent
Article suivant
ARTICLES PROCHES
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img
- Plus d'infos, cliquez ici -spot_img

Bijou Brut

Lors d’une conférence en hommage à Pierre Audi, son dramaturge et conseiller Timothée Picard évoquait l’aspect le plus secret – et sans doute le plus singulier...

Aimer Claudel après un siècle

Une ministre qui boude le Festival et sa Cour d’Honneur sous prétexte qu’ils seraient élitistes, et préfère s’afficher, malgré son train de vie luxueux...