La scène nationale se met au rythme de la rentrée scolaire et lance son 50e Théma, Soif d’apprendre, qui interroge la transmission par des spectacles, une expo, des projections et des rencontres
Des Récréations tapissent les murs du Théâtre Liberté, photos de James Mollison réalisées entre 2009 et 2015 dans les écoles du monde entier. Prises en plans très généraux, incroyablement nettes dans la profondeur, travaillant sur des cadres semblables, interceptant des gestes et des regards, elles révèlent d’insupportables misères. Celle du surpeuplement de l’école de Nairobi, de la guerre à Gaza, mais aussi la pauvreté aux États-Unis, en Italie, en Angleterre. Les inégalités sautent aux yeux, mais aussi les points communs, les corps à corps, les groupes et les isolements, l’élan et la violence, l’énergie libérée. Un tour du monde qui révèle une humanité commune, complexe, celle de l’enfance.
C’est sous le signe du partage de la connaissance que ce Théma va se poursuivre jusqu’au 20 décembre, avec en octobre la création d’Alexandra Cismondi Il faudra que l’on s’aime, une conférence de Mickaël Laisney, neuroscientifique, sur l’apprentissage et l’inefficacité du par cœur, le très joli film de Nicolas Philibert Être et avoir, plongée dans la classe unique d’un instit de village…
Ouverture des murs
Mais la Scène nationale varoise n’a pas attendu son Théma pour parler à tous et toutes dès le lancement de saison : avec ses ateliers et son bal participatif à Châteauvallon, qui fête ses 60 ans de programmation et de résistance à l’extrême droite ; avec les compagnies qui font la fierté de Toulon, Kubilaï Khan Investigation et Hors Surface.
Franck Micheletti (KKI) présentait Post Panamax, un trio de popping, où les secousses saccadées des danseurs virtuoses interrogent le travail mécanique et épuisant des dockers. Damien Droin (Hors surfaces) reprenait Face aux murs, créée aux Salins de Martigues lors de la Biennale Internationale des Arts du Cirque 2025. Pour ses six acrobates, le metteur en scène a fait construire un agrès modulable qui sépare deux trampolines par une stucture métallique et un mur de plexiglas qu’il faut franchir, surmonter, pour se rejoindre.
Si les performances physiques sont impressionnantes, la pertinence et la beauté des images et du son construisent un spectacle qui va bien au-delà de l’épate : jeux d’ombres, de fumée, valse amoureuse qui rebondit, corps masculins immobiles que la trampoliniste parvient à animer de désirs… jusqu’au moment où les corps se croisent, à toute vitesse, franchissant ensemble tous les obstacles et transformant les murs en portes ouvertes, et les chutes en ascension vers le ciel. Une très belle allégorie, pour le plaisir de tous.tes !
Agnès Freschel
Récréations
Jusqu’au 20 décembre
Face aux Murs a été joué au théâtre Liberté, Toulon, les 30 septembre et 1er Octobre
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