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AccueilÀ la Une : Romería

[CINEHORIZONTES] : Romería

Dans la Grande Compétition, en lice pour l’Horizon d’or, le dernier film de Carla Simón, sélectionné au dernier festival de Cannes : Romería

Après Été 93 en 2017, qui mettait en scène une fillette dont les parents mouraient du Sida et quittait Barcelone pour vivre chez son oncle, tante et cousine, dans la campagne catalane. Puis Nos Soleils, Ours d’or berlinois en 2022, qui chroniquait les difficultés d’une famille paysanne à Alcarràs, Carla Simón clôt sa trilogie autobiographique avec Romería où la protagoniste revient en Galice dont son père est originaire.

Marina (Llúcia Garcia) a 18 ans.  Elle a été adoptée très jeune et vit à Barcelone. A l’occasion d’une démarche administrative pour obtenir une bourse et intégrer une faculté de cinéma, elle s’aperçoit que son père biologique ne l’a pas reconnue. Elle doit alors reprendre contact avec ses grands parents pour qu’ils authentifient devant notaire cette filiation.

Marina entreprend le voyage vers Vigo, pour obtenir cette légalisation, mais surtout, guidée par le journal intime de sa mère écrit en 1983, pour reconstituer l’histoire d’amour de ses parents et comprendre pourquoi, alors qu’il est mort bien après sa naissance, son père n’est jamais venu la voir.

Elle rencontre ses oncles, tantes, cousins. Se confronte aux récits contradictoires de chacun sur ce père inconnu. Bute sur les non-dits, la rigidité du grand père, ancien directeur d’un Chantier naval, patriarche tout puissant et sur le déni de sa femme paralysée par les préjugés.

A l’écran, s’égrène le calendrier de ce séjour, ponctué par les grandes questions que se pose Marina : cinq jours de l’été 2004 pour les résoudre.

Les images instables tournées en DV par Marina rencontrent celles plus léchées de la réalisatrice. Scènes familiales où elle excelle à isoler la jeune fille et à se glisser dans son regard. Scènes presque documentaires de fêtes votives dans cet été galicien. Scènes fantasmées, épurées dans une lumière domptée par la chef op Hélène Louvart quand le film bascule et que la narration se fait presqu’exclusivement du point de vue de la mère. Les années 80, s’immiscent alors dans le présent. La soif de liberté postfranquiste. La drogue, le sexe puis le séisme du sida. L’époque de Marine et celle de sa mère se font écho dans les mêmes paysages. Le duo qu’elle forme avec son cousin se superpose au couple de ses parents.

La mer elle est agitée ou calme mais ça reste la mer

Cette phrase tirée du carnet maternel qu’en voix off Marina lit ou se remémore, introduit et conclut le film. L’élément marin, est omniprésent dans Romería.

Dans le prénom de l’héroïne, dans sa double ascendance : océan Atlantique par le père, mer Méditerranée par la mère. Dans le décor : port, barque, bateau, crique.

La mer, lieu des jeux joyeux entre cousins, paradis originel. La mer originelle, riche de symboles : mer-mère, surface miroitante et profondeur secrète, baptême et renaissance. La mer où les dauphins des dernières images semblent comme leurs ancêtres mythiques reconduire l’âme des morts vers l’au-delà.

Oui, le bleu infini est paysage et élément constitutif du film de Carla Simon. Le pèlerinage ( sens du mot espagnol « Romeria »)  est aussi une navigation avec, comme amer, l’immeuble où les parents de l’héroïne ont habité et de la terrasse duquel ils voyaient l’horizon et les îles Cies. Il faudra à Marina se repérer dans l’espace – faire au sens propre des « repérages » comme la cinéaste qu’elle est en train de devenir. Se repérer encore dans le temps, faire coïncider les dates, se glisser dans le regard des défunts ou, vêtue d’une robe rouge taillée dans un vêtement paternel, se glisser dans le corps de sa mère auquel on le lui répète, elle ressemble tant !

Le film construit autour d’une douleur, consacre la naissance solaire de Marina en cinéaste débutante et témoigne de la subtilité de Carla Simón en cinéaste confirmée.

ELISE PADOVANI

Romería, de Carla Simón

en salles le 8 avril

Ad Vitam

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