Ce 16 octobre, la musicienne américaine a fait chavirer les cœurs du public, en offrant un concert d’une puissance cathartique à l’Artplexe Canebière
C’est dans le décor épuré et peu courant d’une des salles du cinéma Artplexe que trônait, seul, le piano avec lequel Sarah McCoy allait offrir une heure et demie durant un concert proche de l’expérience de la catharsis. Celle de l’artiste, bien sûr, mais la puissance scénique de la chanteuse est telle que ce sont nos cœurs qui s’emballent, nos estomacs qui se serrent, nos poils qui s’hérissent, nos corps tout entiers qui entrent en vibration.
Déboulant dans une énergie légère et joviale – de laquelle elle ponctuera presque toujours ses transitions, nous tirant des larmes au rire – Sarah McCoy nous parle, nous amuse et nous met à l’aise, avant de se recentrer vers micro et clavier et de délivrer ses premières notes. Dès celles-ci, c’est toute la puissance vocale de Sarah qui se déploie dans des timbres soul jazz d’un coffre rare. Même lorsque dans les harmonies basses et les décibels maîtrisés, l’expérience est saisissante. Les thématiques des morceaux nous promènent entre l’amour (beaucoup) et la mort, la perte, la mère ou la guerre, nous menant parfois vers des intensités sonores telles qu’elles paraissent presque surhumaines.
Set de lumières
Le piano, complice de l’artiste et seul partenaire de ce voyage initiatique est joué avec aisance, et il paraît évident que la symbiose voix-touches est le fruit d’une complicité de tous les jours. Accompagnant les virées dans le grave d’octave frappées, les adoucissements d’harmonies et de glissando, la formule semble parfaite. On y entend des influences blues bienvenues. C’est d’ailleurs ainsi que la belle a fait ses armes, seule derrière un piano dans les bars de la Nouvelle Orléans, ville profondément inscrite dans la personnalité volontairement carnavalesque de la chanteuse. Elle apparaissait ce soir le visage pailleté, brillant ainsi sous les lumières changeantes de son set.
Si le transport est intense, on se réjouit que de tels projets puissent continuer d’exister « tels quels », loin des surproductions et fards artificiels de projets prometteurs aux yeux de l’industrie. Là, c’est l’authenticité du projet qui fait sa singularité.
LUCIE PONTHIEUX BERTRAM
Concert donné le 16 octobre au cinéma l’Artplexe Canebière, Marseille.