Le bar culturel inclusif LGBTQIA+ de Marseille fête les 5 et 7 novembre ses trois ans. Retour sur la création du lieu avec Amal Froidevaux, sa co-directrice
Zébuline. Quels sont les enjeux qui ont accompagné la création du Boum ?
Amal Froidevaux. En 2022, le centre LGBTQIA+ n’existait pas encore, et il y avait très peu d’espace de fête inclusif. Avec Théo Challande-Névoret [co-directeur du Boum], on faisait souvent la fête à Berlin, où les espaces de fêtes libres et safe étaient déjà très répandus, et on se demandait pourquoi ce genre de lieux n’existaient pas à Marseille.
On a finalement ouvert le 5 novembre 2022, avec Kitty Catcher pour une soirée drag, et le lendemain, il y avait la première soirée de La Fièvre, les soirées lesbiennes qui fêtent aussi leurs trois ans dans deux semaines. Fêter nos trois ans c’est aussi symbolique. C’est un beau cap pour nous, parce que, évidemment, pour des projets comme ça, il faut tout donner pour que ça tienne.
Comment avez-vous pensé l’identité du Boum ? C’est à la fois comme lieu de fête, d’échange et de création…
L’idée c’était de pouvoir fabriquer un espace ressource, récurrent. On savait que l’identité du bar, un espace festif avec un public LGBT+, pouvait créer des réticences. On voulait s’assurer que le voisinage soit content de nous accueillir, le Boum est entre le cours Julien et la Plaine, c’est très central et c’était un pari de s’installer là. On a testé plusieurs approches différentes pour la sécurité et l’accueil à l’entrée notamment.
Ce qui nous intéresse c’est de faire une passerelle, d’être dans un véritable échange et on voit que cette manière de travailler commence à infuser dans d’autres lieux à Marseille. On a fait le choix de construire un modèle économique indépendant, avec une activité de bar, ce qui nous permet de pérenniser notre présence même dans un contexte politique qui met en danger les établissements inclusifs et festifs.
On voulait aussi fabriquer un lieu d’accueil d’artistes de la scène marseillaise, émergent·es et issu·es de communautés queer et marginalisées. Au début, on a fait beaucoup de techno, un peu par effet de mode [rire], mais on a une programmation beaucoup plus éclectique aujourd’hui. On se concentre beaucoup plus sur des format de drag queer, et scènes ouvertes. C’est un petit espace, qui fonctionne sans billetterie, donc ça se prête à des artistes émergents, et un public curieux de les découvrir. Ça sert aussi de tremplin au jeunes artistes, celleux qui sont passé·es au Boom, on les ensuite programmé·es au Chapiteau, à la Friche…
Comment avez-vous imaginé la célébration des trois ans du Boum ?
Le 5 et le 7 novembre, on organise deux soirées anniversaires. Le mercredi 5, sur un format de scène ouverte, accompagné par des artistes drag, Madame Douillette de la Maison de Soins Transgressifs avec Cassetena, Dia Muse, Rose Vierge et SeintT. C’est un moment où des talents émergents peuvent venir performer dans un espace sécurisant, entouré·es d’autres artistes, ça représente bien le Boum, cette volonté de se soutenir et de s’entraider. Puis le vendredi, une soirée DJ set, drag show, et voguing avec Alary Ravin, Anar Von Amour, Kenz June, Moesha 13, NB Marraquete, Puppy Fleuri, et Zephyra de la Mst.
Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
Pour l’instant, on aimerait bien consolider et pérenniser le modèle économique. Pouvoir rémunérer le travail effectué et améliorer les conditions de travail. Cette année on est passé très près d’une fermeture administrative avec trois contrôles de police consécutifs en janvier, on est rassuré aujourd’hui de pouvoir faire face à ce type d’événements. On a aussi à cœur de transmettre les connaissances qu’on a acquises ces trois dernières années, à d’autres établissements et collectifs.
NEMO TURBANT
Le Boum fête ses trois ans
5 et 7 novembre
Marseille








