Des grands-mères italiennes, une drag queen et des lasagnes géantes : Le Lasagne della Nonna, un spectacle pop et politique, où mémoire migrante et quête de soi se répondent avec éclat
Le Zef affiche complet ce mercredi 5 novembre pour l’une des deux représentations des Lasagne Della Nonna, une création 2024 de Massimo Furlan et Claire de Ribaupierre, respectivement metteur en scène et dramaturge. Depuis plusieurs années, le tandem explore la dimension artistique de la parole intime, du témoignage et du récit de soi.
D’emblée, l’audience, plongée dans le noir, est projetée dans l’univers du cabaret. Une drag revêtue d’azur se déhanche sensuellement bientôt rejointe par des femmes plus âgées dont les tenues scintillent sous les projecteurs. La première ôte ensuite sa perruque et entame son récit. C’est Davide, acteur et drag queen, qui se fait le chantre de ces histoires entremêlées. Petit-fils de Giuseppina, présente sur scène, arrivée du Sud de l’Italie pour rejoindre son mari en Suisse, Davide déroule le fil de destin de ces grand-mères, Rita, Lucia, Anna, autrefois jeunes femmes nées en Italie, après-guerre et ayant émigré vers la Suisse.
Les corps en mouvement
Sur le plateau, apparaît alors une large table de cuisine où ces dernières s’affairent pour confectionner les fameuses lasagnes, faisant résonner des gestes, des savoir-faire et des traditions venues d’ailleurs mais toujours bien vivantes. Sous les yeux du public naît alors une communauté dont les récits font écho aux enjeux de notre monde contemporain.
Le spectacle bascule dans l’onirisme, une part de lasagne géante se fait vaisseau spatial et dévoile Ali, comédien marocain, arrivé depuis peu en Suisse. Face aux « Nonne », Davide et Ali, jeunes hommes homosexuels aux trajectoires très différentes, s’interrogent sur leurs racines et sur le rejet qu’ils affrontent. Le voyage se referme sur la chorégraphie d’ouverture, reprise cette fois sans artifices ni costumes, mettant les corps des femmes âgées en mouvement. Une image encore trop rare et d’une force politique discrète mais implacable.
ISABELLE RAINALDI
Le spectacle a été donné les 5 et 6 novembre au Zef, Scène nationale de Marseille.
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