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Rencontres d’Averroès : Trinités pour des Rencontres

Les Nouvelles Rencontres d’Averroès poursuivent leur changement dans la continuité sur un rythme ternaire, avec trois tables rondes, trois master-classes et trois soirées de spectacles

Il n’y aura qu’un seul grand entretien, mais avec Souleymane Bachir Diagne, philosophe essentiel à la pensée contemporaine d’un universalisme désoccidentalisé [Lire ici]. Un débat préliminaire le 20 novembre sur le parler marseillais réunira le sociologue Médéric Gasquet-Cyrus et la réalisatrice Prïncia Car.

Neuf à tables

Mais pour cette édition, la Méditerranée veut « prendre langue », ce qui ne se fait jamais mieux qu’en conversant à plusieurs ! Les trois tables rondes réuniront chacune trois participants pour converser, négocier puis traduire.

Converser, conçu comme un préambule à la relation, n’en est-il pas plutôt l’aboutissement ? Le 21 novembre à 14h30 la philosophe Gloria Orrigi qui travaille sur les nouvelles technologies et leur fabrique de la rumeur (La vérité est une question politique, 2024, Albin Michel), conversera avec l’helléniste Pierre Chiron, spécialiste de l’art rhétorique (Manuel de Rhétorique, Comment faire de l’élève un citoyen, 2018, Les Belles Lettres) et Laëtitia Bucaille, sociologue arabophone spécialiste de la sortie de conflits [Lire ici].

Le 22 novembre à 14h30, il s’agira de Négocier. Un autre usage de la langue, qui ne consiste pas seulement à prendre contact, mais à obtenir des conciliations, sans compromission, en usant d’une langue rassurante qui habille de coton les rapports de force : la diplomatie est un art pour Stéphanie David directrice et représentante à l’ONU de la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH) et spécialiste de la Libye, la Palestine et la Tunisie ; pour Julien Vaïsse, historien fondateur du Forum de Paris sur la paix et spécialiste de la politique étrangère américaine ; et Yves Saint-Geours, diplomate, ambassadeur de France, spécialiste de l’Amérique latine et observateur du « nouvel ordre mondial ».

Après les négociations, il s’agit de Traduire, de s’élever contre le châtiment de Babel, de considérer que la pluralité des langues et des cultures est notre plus grande richesse ; un combat que Barbara Cassin, philologue, mène depuis sa connaissance de la Grèce antique, en allant  jusqu’à La Guerre des mots de Trump et Poutine [voir page suivante]. Elle discutera avec Richard Jacquemond, traducteur de littérature arabe moderne, et avec Cécile Canut, sociologue des langues minorisées : celles des Roms, des Maliens, des migrants dans leur pays d’accueil (Provincialiser la langue, langage et colonialisme, 2021, Editions Amsterdam).

Trois récits pas magistraux

Les nouvelles rencontres proposent aussi de nouveaux formats, des masterclass qui mettent en rapport direct l’intervenant·e et le public. Il ne s’agit pas de cours magistraux, mais de récits d’expérience qui se sont, l’an dernier, révélés passionnants.

Monia Ben Jemia ouvrira le seul·e en scène. Le 21 novembre à 17 h. La juriste, militante tunisienne, lutte contre les VSS en Tunisie et défend l’idée que la société civile, les défendeurs des droits, les ONG, sont les gardiens et les garants de la démocratie. Nabil Wakim mènera la masterclass du 22 novembre à 11h [voir page suivante] et Hervé Le Tellier, l’écrivain, président de l’Oulipo, raconter son match d’écriture contre l’IA… et s’interrogera sur ce nouvel interlocuteur le 23 novembre à 14h30.

Trio en soirées

Aux Rencontres d’Averroès, la programmation musicale n’est jamais un simple ornement : elle répond aux débats du jour, prolonge les questions de langue, de mémoire et de circulation des cultures par d’autres voies : celles du rythme, du chant et des corps. Cette année encore, trois soirées composent un triptyque où se déclinent les voix d’une Méditerranée plurielle, indocile et toujours en mouvement. Trois soirées pour faire entendre la Méditerranée.

La première, le 20 novembre à 19 h à l’Espace Julien, interroge : « Comment tu parles ? », avant de faire danser. Après un débat sur le parler marseillais – ce laboratoire vivant où se mêlent héritages, inventions et glissements – la scène se transforme en caisse de résonance avec Temenik Electric, dont le rock arabe incandescent épousera les pulsations de la ville-monde à partir de 21 h. Une manière de rappeler que Marseille s’écoute autant qu’elle se raconte.

Le 22 novembre, à 21 h à La Criée, place au concert dessiné Rébétissa. Dans un dialogue rare entre l’encre et la voix, les dessins de David Prudhomme redonnent souffle aux chanteuses de rébétiko que la dictature de Metaxás tenta de réduire au silence. Autour de lui, les musiciens Aggelos Aggelou et Maria Simoglou font vibrer ce blues grec, musique d’exil et de brasier intérieur. 

Enfin, le 23 novembre, toujours à La Criée et à 17 h, la lecture musicale Et la terre se transmet comme la langue offre un moment de recueillement ardent. La voix d’Elias Sanbar, complice et traducteur de Mahmoud Darwich, se mêle à celle de la soprano Dominique Devals, sur une composition ample et lumineuse de Franck Tortiller. Ensemble, ils tissent une traversée où la poésie palestinienne devient souffle commun, portée par le saxophone, la guitare et les percussions. 

Trois soirées, donc, pour dire autrement ce que les Rencontres n’ont cessé d’explorer : que penser la Méditerranée, c’est aussi l’écouter.

SUZANNE CANESSA

Juniors en peau de chagrin
Le dispositif Averroes Junior avait pris au fil des années une importance capitale pour de nombreux établissements scolaires et des centaines d’élèves de la région. Il sera très réduit cette année. Les financements spécifiques des collectivités se sont arrêtés ces dernières années puisque le Pass Culture avait pris le relais… Mais en 2025 la part collective de ce Pass controversé est passée brutalement de 25€ par élève à 2€50, réduisant comme peau de chagrin démarche essentielle d’éducation artistique et culturelle.
Cette année, Les Nouvelles Rencontres d’Averroès ne peuvent offrir qu’à trois classes de primaires, une de lycée et une de collège, pour certains en option arabe, d’échanger autour de la traduction et d’un karaoké plurilingue, le 18 novembre. Dans un monde aussi fragmenté et fragile, et une académie qui compte plus de 535 000 élèves, ce n’est pas même la part du colibri…  S.Ca

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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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