Avec Une vie dans la couleur, le centre d’art aixois offre une visibilité bienvenue à Claire Vasarely, grande artiste, qui a longtemps vécu dans l’ombre de son époux, Victor
Depuis déjà quelques années, le monde de l’art accorde une place aux artistes féminines, ce n’est que justice. Claire Vasarely illustre assez bien ces trajectoires trop souvent ignorées, malmenées. La Fondation Vasarely à Aix-en-Provence présente enfin, jusqu’au 15 février, le travail remarquable de cette artiste hongroise, qui, entre les années 1930 et 50, fut tour à tour, graphiste-publicitaire, dessinatrice de mode et de tissus, peintre, créatrice de tapisseries d’Aubusson. Mais son mariage avec Vasarely marquera un tournant dans sa vie.
Un de ses tableaux la montre d’ailleurs totalement écrasée par le visage de son mari. Pourtant, Claire (elle signa des œuvres de son seul prénom), démontre qu’elle a su depuis sa formation à Budapest, révéler des talents graphiques indéniables, influencés par le Bauhaus. Ses œuvres, le plus souvent réalisées à la gouache sur papier disent beaucoup de son esthétique formelle. Son génie de coloriste est manifeste. Elle est aussi une dessinatrice à l’encre de Chine, croquant des scènes foisonnantes de rues, de cafés. Elle peint aussi des portraits de Victor et un autoportrait au regard de biais, plein d’inquiétude.
Revanche
Avec les années 1950, elle se tourne vers le dessin pour le motif sur textile : études très colorées de fleurs délicates. Jardins inventés en carrés multiples. Le travail pour la tapisserie (à Aubusson), qui connait à l’époque un renouveau incroyable en France, lui donne l’occasion d’exprimer pleinement, à la fois une créativité des sujets, souvent emprunts aux contes médiévaux et celle dévolue aux formes, et aux couleurs chatoyantes sur de grands formats.
L’exposition s’achève sur le court dialogue artistique entre Victor et Claire, imaginant ensemble des « filles-fleurs ». Cependant après les années 1950, Claire s’occupe de la promotion de l’œuvre de son mari Victor et s’éloigne de la scène artistique. Elle meurt en 1990. L’exposition lui donne donc sa revanche.
MARIE DU CREST
Claire Vasarely, une vie en couleur
Jusqu’au 15 février
Fondation Vasarely, Aix-en-Provence
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