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Comment sortir d’un huis-clos

Présenté au Festival d’Avignon cet été, Yes Daddy des Palestiniens Bashar Murkus et Khulood Basel était donné au Théâtre Joliette de Marseille

Présenté au Festival d’Avignon cet été, Yes Daddy des Palestiniens Bashar Murkus et Khulood Basel était donné au Théâtre Joliette de Marseille

Il est rare d’assister à une pièce aussi brillante, et d’avoir des applaudissements aussi timides. C’est qu’il en faut du temps pour sortir de ce Yes Daddy signé Bashar Murkus et Khulood Basel, qui joue desanfractuosités de l’esprit humain, et des passions du public. 

Dans ce huis-clos il y a Amir, jeune travailleur du sexe, et un vieil homme sénile, qui perd la mémoire. Le premier entre chez le second, et un drôle de jeu s’ouvre entre les deux. Le plus jeune, conscient de l’emprise qu’il peut avoir sur son client, se lance dans une sordide séance de manipulation. Il se fait passer pour son fils, l’accuse des pires crimes, puis sa mère, et ira jusqu’à le nourrir de son sein. Ils se lancent tous les deux dans une nuit d’angoisse, où les démons de chacun s’exploseront dans la fureur et le sang, laissant le public témoin, dans le plus grand inconfort.

En avant-propos, l’excellent Anan Abu Jabir, qui joue le rôle d’Amir, avait pourtant prévenu le public, lui demandant s’il était « d’accord » pour assister au spectacle. Ce consentement initial sera le dernier, et les décors, comme les lumières, mouvantes, se dérobant, placeront le spectateur dans la même illusion perverse que celle qui frappe les deux personnages. Une pièce qui touche ce qu’il y a de plus sombre dans l’être humain, avec ce qu’il y a de plus lumineux pour le montrer.

Du théâtre palestinien sans toit

Cette pièce de la compagnie palestinienne du Kashabi Théâtre n’est pas la première à être donnée en France. Déjà en 2022, ils avaient été invités au Festival d’Avignon pour présenter Milk, qui avait lui aussi saisi le public venu assister à la représentation. Mais depuis, la compagnie a été évincée de son propre théâtre d’Haïfa. « C’était l’un des espaces d’expression les plus importants pour le public palestinien. Malheureusement, pour des raisons politiques, […] on a été dépossédé de notre théâtre », expliquait Bashar Murkus à La Marseillaise le 18 novembre dernier.

Dans Yes Daddy, la métaphore avec le conflit israélo-palestinien n’est d’ailleurs pas cachée. Dès les premières minutes de jeu, les deux comédiens recherchent frénétiquement une clef, symbole palestinien des expropriations qu’ils subissent. Et il y a bien sûr cet espace, occupé par deux êtres qui ne savent pas vraiment quoi construire ensemble, sinon un terrible jeu de dupes, dont nous sommes, encore, témoins.

NICOLAS SANTUCCI

Yes Daddy a été donné les 19 et 20 au Théâtre Joliette, Marseille.

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