Assister à un concert de John Maus n’est pas chose commune. Le choix du verbe “assister” est, lui, tout à fait conscient. Si John Maus fait parler de lui dans les rangs des outsiders et autres amoureux de la musique psychédélique ses prestations scéniques ont la réputation de marquer.
Ainsi, dans un Espace Julien bondé d’un public très de noir vêtu, la figure de proue de la synth-pop entre en scène seul, dans une chemise « bleue bureau » très boutonnée et très ajustée. Si l’on retrouve tout de suite les sonorités synthétisées qu’on lui connait, il faudra se faire à l’idée que Maus ne chantera que sur des bandes pré-enregistrées. Il devient, en quelques minutes, l’unique acteur d’un concert qui se rapprochera plus d’une expérience singulière et performative que d’une proposition d’écoute live.
John, on est là
Il en va donc de l’acceptation, pour ceux qui suivraient et apprécieraient sa musique, et plus particulièrement ici son dernier opus sorti en septembre dernier – Later than you think -, qu’il sera difficile de comprendre les paroles, voire même de discerner les morceaux. En effet, s’il est de mise dans le style synht-pop/new wave d’y aller sans modération sur la réverb’, le mix rendait l’écoute précise impossible, et faisait du show un amoncellement plutôt flou de rythmiques, de lignes de chant noyées et de cris habités.
Sur scène, John Maus fait don de litres de sueurs, semblant se donner sans restrictions à son art : yeux principalement fermés, mâchoires serrées, visage presque souffrant, Maus se frappe incessamment du poing le torse, parfois même le visage. Sauts, mouvements de tête brutaux et frénétiques, le chanteur nous emporte dans une boucle infernale et dérangeante, aliénante, s’adonnant même à un combat de boxe en solitaire.
Une expérience dont on ne sait pas forcément quoi penser en premier lieu, mais qui donne définitivement à analyser. Si John Maus ne cache jamais son amour pour la philosophie, on est forcé d’essayer de déceler dans cette prestation un message plus vaste qu’une simple interprétation live. L’homme paraît ici coincé dans sa chemise, coincé dans ce monde, coincé dans une boucle frénétique, et seul. La frustration de ne pouvoir entendre correctement ses textes laissera le public tout de même plutôt perplexe.
LUCIE PONTHIEUX BERTRAM
Concert donné le 14 novembre à l’Espace Julien, Marseille
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