Sganarelle veut se marier, animé par la peur de vieillir seul et le désir d’affirmer sa virilité. Sa jeune fiancée, Dorimène, voit quant à elle le mariage comme une promesse d’une vie bourgeoise, menée en toute indépendant. Un discours libre et ironique qui déstabilise profondément le premier. Dès lors, tout s’emballe. Pris dans un vertige de doutes, Sganarelle consulte tour à tour son ami Géronimo, des philosophes absurdes et des bohémiennes inquiétantes, autant de miroirs grotesques de sa propre confusion.
Le bal des masques
Dans cette revisite de la farce de Molière par Louis Arène et sa compagnie, le Munstrum Théâtre, Sylvia Bergé, Julie Sicard, Benjamin Lavernhe, Gaël Kamilindi et François de Brauer composent une galerie de figures monstrueuses et hilarantes. Des clowns bizarres, en mutation constante, affublés de vêtements enfilés à l’envers, de nombreuses prothèses et de masques inspirés de la commedia dell’arte, mais revisités par le regard plastique du metteur en scène, accentuant la dimension cauchemardesque de la farce. Le décor exigu et sommaire, un espace clos entièrement fait de planches blanchies, devient une boîte à illusions où les portes claquent, les corps se cognent et les certitudes se fracassent.
Louis Arène fait de cette farce ancienne une œuvre d’aujourd’hui, où la mécanique du comique se déploie comme une horlogerie infernale : on rit de bon cœur, mais ce rire dérange, dévoilant la part d’ombre du désir de domination. Sous les traits déformés de Sganarelle, c’est un regard cruel sur l’homme contemporain, incapable de comprendre un monde dans lequel les rapports entre les sexes se redéfinissent.
MARC VOIRY
Le mariage forcé
Du 19 au 21 novembre
Théâtre Liberté, Scène nationale de Toulon
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