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A CineHorizontes, Fernando Trueba se perd dans son île

Le cinéaste était l’invité du festival du cinéma espagnol à Marseille. Il a présenté Haunted Heart (Isla perdida), un thriller de belle facture pas complétement réussi

Fernando Trueba invité de la 23e édition de CineHorizontes a malicieusement présenté son dernier film, Haunted Heart (Isla perdida) comme « un western aquatique » ou « une histoire d’amour qui tourne mal » tournée en Grèce et en anglais. Amateur de jazz, lecteur assidu de Patricia Highsmith, admirateur d’Hitchcock, le grand réalisateur espagnol nous livre ici une comédie romantique qui vire au noir. Et annonce d’emblée la couleur : le générique s’affiche sur une piscine aux mosaïques bleu turquoise, l’eau frissonne dans des géométries de lumière et une inquiétante poupée de chiffon rouge flotte passant lentement dans le champ. Premier indice suivi de bien d’autres qui jalonneront la narration et annonceront par touches successives comme dans tout bon thriller, l’issue fatale.

On est au début des années 2000, Alex (Aida Folch) jeune Espagnole pétulante et aquaphobe, arrive sur une île grecque isolée pour travailler dans le restaurant de Max, beau ténébreux, mystérieux et taiseux (Matt Dillon). Elle s’intègre à la joyeuse bande des employés et se lie d’amitié avec Chico (Juan Pablo Urrego) le joli cœur rieur qui conduit les clients du continent au restaurant de l’île sur son petit bateau. Alex tombe amoureuse de son ombrageux patron qui repousse d’abord ses avances, puis cède et l’installe avec lui dans sa cabane insulaire. Si on sait tout des traumas et déboires amoureux d’Alex qui se confie en toute transparence, Max reste muet sur son passé. Peu à peu, aidée par Chico, Alex découvre que Max lui cache un passé trouble. En trois saisons – été, automne, hiver – on passe de la carte postale touristique parfaite : soleil, robes légères, salades grecques, petits marchés, ivresse et danses, à un «  hors saison » austère de plus en plus oppressant : pluie, bois sombres, révélations terribles et explosion de violence. D’un quadrille amoureux à la Woody Allen, on plonge dans La Nuit du Chasseur de Charles Laughton.

Pour cette incursion dans le genre noir Fernando Trueba qui multiplie citations – Wilder, Cukor, Hawks…, et autocitations, s’est offert un casting de choix, adjoint les compétences du chef op Sergio Ivan Caspano pour magnifier la photo, et celles du prestigieux compositeur polonais  Zbigniew Preisner dont la partition est interprétée par l’orchestre Sinfonia Varsovia. Et qui propose à la fin du film un mélancolique arrangement d’Alexandra leaving de Leonard Cohen. Une conjonction de talents qui ne font pas, au final, un film complètement réussi. Problème de rythme, de redondances -la saison d’été n’en finit pas. Problème de vraisemblance psychologique – la naïveté d’Alex reste assez peu crédible. Problème surtout de démarcation stylistique dans un genre très balisé où inventer de nouvelles formes et créer de  l’imprévisibilité s’avère risqué.

ÉLISE PADOVANI

Le film concourt dans la Grande Compétition de CineHorizontès.

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