C’est sur le mur à gauche à l’entrée de Fotokino que sont accrochés les dessins en noir et blanc de Bettina Henni : des objets dessinés par leurs contours, reposant chacun sur leur petit socle tracé, avec le nom de l’objet écrit dessous en provençal : une bacina, un capeù, un pouchounet, un escoube, un couteù a poumpihoun. Mais, au milieu de ces objets, on y rencontre aussi un pied, une sardina, un pebron, un eirissoun, un gari, diverses fleurs et plantes, etc… des santons en fait !
Et à côté les planches d’un imagier d’un quotidien rural à la fantaisie joyeuse, un travail que l’artiste lie à son apprentissage du provençal dont elle a constaté qu’il continue de vivre dans les campagnes provençales, de la Drôme à l’arrière-pays niçois, tout comme un mode de vie paysan, populaire, allié à la nature et à l’artisanat. Bettina Hanni a regroupé ces santons dans un catalogue en couleur, Gròs Santoun, édité par Fotokino. Et en a réalisé quelques exemplaires en argile, disposés sur deux étagères étroites : tout petits, également joyeux, et très proches eux aussi des deux dimensions.
Plat, statique, simple
C’est sous le titre Recherches que sont présentés les objets dessinés par Philippe Weisbecker dans la salle d’exposition. Très connu dans le milieu des illustrateurs et des graphistes, suivi notamment par le galeriste Yvon Lambert qui expose ses travaux régulièrement, très apprécié en Asie, en particulier au Japon, où il a des expositions tous les ans, il a délaissé l’illustration de commande à la fin des années 1990 pour travailler uniquement sur ses projets personnels. Et déclare qu’il aime le plat, le statique, les objets simples, sa couleur préférée étant le gris.
Ce qui n’empêche pas ses dessins, reprenant ces critères, en y ajoutant parfois quelques couleurs, d’être traversés par une énergie étonnante, mêlant présence brute et délicatesse. Des objets du quotidien, en grand ou petit formats, dessinés sur papier et sur fond neutres (laissant quelquefois discrètement apparaître différentes traces), isolés, présentés la plupart du temps sous forme de petites séries. Des focus sur des coques de bateaux, des brosses, des bouts de tuyaux, des chaudières, des paniers à linge, des élastiques, une scie japonaise… L’objet de ses Recherches ? : « L’objet est une façade, c’est ce qu’il y a derrière, que je ne comprends pas, qui m’intéresse ».
MARC VOIRY
Gròs Santoun, de Bettina Henni
Recherches, de Philippe Weisbecker
Jusqu’au 8 février
Fotokino, Marseille
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