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Adama Diop, de l’exil au théâtre

L’acteur présentait Fajar, ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète, sa première mise en scène, sur la scène du Zef à Marseille. Une pièce puissante, dont on sort secoué

C’est un curieux objet théâtral que présentait Adama Diop ce vendredi 28 février. Pour sa première mise en scène, l’acteur franco-sénégalais, qui a joué sous la direction de grands noms, de Julien Gosselin à Tiago Rodrigues, s’empare du sujet de l’exil en puisant dans sa double culture. L’acteur livre avec Fajar, ou l’odyssée de l’homme qui rêvait d’être poète, un spectacle hybride, une odyssée de deux heures quarante.

Immergé dans une boîte noire, le public découvre sur un écran l’histoire de Malal, avatar du comédien. Cette fable est d’abord contée en utilisant le biais du cinéma, en noir et blanc puis en couleur, navigant entre rêve et réalité, entre le monde des vivants et celui des morts. En filigrane, l’exil et l’urgence de partir pour suivre une belle Marianne qui sourit sous le soleil. 

Une musique omniprésente

Une nouvelle aube, « Fajar » en wolof, se lève sur la vie de Malal, qui quitte sa terre pour devenir ce qu’il est. L’écran se lève aussi pour le laisser apparaître en chair et en os, clamantson poème au micro dans un camps de migrants. Ses mots disent les maux des humains, échoués dans un « tartare des temps modernes » et dont « les espoirs s’éteignent sur les matelas d’une tente ». 

La musique est omniprésente. Adama Diop partage la scène avec les interprètes Anne-Lise Binard, Léonore Védie et Dramane Dembélé, tous trois artistes polyvalents. Leur présence donne de la chair au spectacle, qui mêle musique classique et tradition orale dont les griots sont les gardiens et les passeurs. On entend beaucoup de wolof, cette langue parlée au Sénégal qui donne son titre au spectacle. De belles images traversent l’espace scénique, à l’instar de cette pirogue qui transporte les esprits vers des rives mythologiques. À l’issue de cette cérémonie, Adama Diop revient pour incarner une figure de conteur, qui rappelle la Commedia dell’arte, redonnant de la théâtralité à un spectacle, dont on sort ému et un peu hébété comme éveillé brutalement d’un songe.

ISABELLE RAINALDI

Spectacle donné les 27 et 28 février au Zef, Scène nationale de Marseille. 

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