Huit ans déjà que Papet J n’avait pas sorti de disque sous son nom. Le dernier c’était Raggamuffin Vagabond en 2015. Ce 26 mai dernier, quand Marseille s’embrasait pour célébrer les trente ans de la victoire en finale de la Ligue des champions, une autre étoile marseillaise offrait un joli cadeau à sa ville. Un dernier opus intitulé Pas pressé, dans lequel on retrouve la gouaille joyeuse de Papet, gravée uniquement sur vinyle, comme un retour aux influences reggae des pionniers jamaïcains – même si ce n’est pas un 45t – que l’on distingue aussi, et surtout, dans la musique.
Tel Prince Buster avant lui, c’est avec son chapeau « pork-pie » que Papet J aime déambuler dans sa ville. Une déambulation qui démarre avec Hé Hé Ho, en ouverture du disque, et où déjà, les principaux marqueurs qui vont rythmer l’écoute sont présents. Du reggae d’abord, installé sans détour par une ligne de basse puissante et engagée, à la limite de la saturation. Et les paroles, où l’artiste invite comme souvent les cultures du monde qui l’entoure à partager une même danse : « Ça chante en occitan, français ou catalan, en basque, en algérien, anglais et castillan, patois jamaïcains, tous les patois italiens, quelque soit le langage ça fait le même bien. »
Prendre son temps
La suite avec Bonne raison, Changer de route et Éléments de langage, où le regard vif mais empathique de l’auteur sur la société est porté par des mélodies toujours emballantes. On s’arrête ensuite sur Pas pressé, le titre éponyme du disque qui, comme son l’indique, ralenti quelque peu le tempo. À l’écoute, on est de suite frappé par le clavier qui ouvre le morceau, et qui revient ci où là plus tard. Une intro qui nous plonge immédiatement dans la nostalgie de nos compilations Trojan, et qui laisse place à un titre particulièrement bien senti, où flow des paroles, lignes de basse, rappellent à l’auditeur pourquoi il aime le reggae. Une musique qui parle au corps et à l’âme, sans les brusquer certes, mais qui peut les chambouler.
S’il a souvent chanté « pas d’arrangement » avec le Massilia Sound System, on ne peut ici que saluer la qualité de ces derniers. Car ce disque, plutôt épuré et donnant toute sa place à la voix, la basse et les percussions, est saupoudré de quelques artifices sonores, légers mais donnant un relief certain à l’ensemble. Un travail juste, né de la collaboration avec Grégory Lampis alias Puppa Greg, propriétaire du 149 Studio, où le disque a été enregistré, et Moussu T à la direction artistique. Une association qui a donné naissance à un disque à la fois simple et efficace, où l’on retrouve Papet J là où on il nous avait laissé, et exactement à l’endroit où l’on espère le retrouver très vite.
NICOLAS SANTUCCI
Pas pressé, de Papet J
Manivette Records / Baco distribution – 22 €
À venir
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