Première date avant une série de trente-six représentations attendues cet été, Jouir a rassemblé un public nombreux, éclectique et enthousiaste dans le square Bertie-Albrecht. Et ce malgré la profusion de propositions culturelles à l’orée de l’été, ainsi qu’une chaleur particulièrement écrasante. Il faut dire que la compagnie Notre Insouciance n’y est pas exactement une nouvelle venue : Joseph Lemarignier et Camille Dordoigne étaient déjà présents sur la première édition du festival, et y sont depuis revenus le temps de prologues, et de leur joli duo Salut !. Plus conséquent, et présenté ici dans un format réduit, Jouir tire pleinement parti de leur aura solaire, de leur humour à toute épreuve et de leur énergie débordante.
On (re)découvre chez l’un de vrais talents de musiciens, et un joli brin de voix ; chez l’autre, une capacité à faire rire du moindre mot, et un flow plutôt convaincant sur le bien-nommé « rap du clito ». Écrit et mis en scène par la comédienne Juliette Hecquet, le spectacle évoque avec humour, intelligence, et ce savant mélange entre crudité et pudeur le rapport des femmes à leur propre corps, et les obstacles sociétaux et psychologiques en tous genres se dressant entre tout·e un·e chacun·e et son accès à la jouissance. On y croise, sous les traits d’Emma Evain, une Lilith fort chagrine – et hilarante ; chez Florie Toffin une belle présence, nourrie de grâce mais aussi d’inquiétude. Chez Arthur Raynaud, c’est la douceur qui domine, de même que dans les interventions d’une maîtresse de cérémonie campée avec tendresse par Marcelle Alleaume. Le public, interpelé, se révèle très à l’écoute de ce spectacle aussi réjouissant que courageux.
SUZANNE CANESSA
Jouir a été joué les 4, 6 et 7 juillet dans les 1er et 7e arrondissements de Marseille.
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