Un film qui met en lumière le courage et la résilience d’une société que l’armée russe tente de détruire en filmant dans tout le pays des écoles qui fonctionnent malgré tout, des enseignants et des élèves qui entament leur vie d’écolier ou qui la terminent.
Et qu’est-ce que la vie ? Allez, lis-le ! demande-une enseignante à un petit garçon
Belle, jeune… lit-il.
Et quelle est la chose la plus précieuse pour chacun de nous ? demande le professeur à la classe.
La Vie! » répondent les élèves en chœur.
Le film construit comme un patchwork nous entraine de ville en ville, d’école en école, de cours de maths à cours d’anglais. Des cours ponctués de minutes de silence que les élèves font debout. Les visages que la caméra balaye lentement, reflètent parfois la peine ou l’inquiétude. Des cours interrompus par les sirènes qui avertissent d’un bombardement. Les écoles qui n’ont pas été détruites, ont des abris souterrains où tous se rendent, sans panique.
A Kamianske sur le fleuve Dnipro, près de Zhaporizhzhia, la fête est interrompue et tout le monde s’installe dans un immense abri : les enfants assis, regroupés par classe, parlent, chantent…A Borodyanka ,ville détruite dès le début de l’invasion, devant l’école en ruines , une professeure fait son cours de maths via son ordinateur. A Mykolaiv (46 km du front) c’est un cours de survie. A Tcherkassy (265 kms du front) pilotage de drones, leçons de couture et de danse. Quand une école n’a pas d’abri souterrain, les cours se font dans le métro. A Kharkiv, il y a une école à 6 mètres sous terre
Partout enthousiasme et joie d’apprendre et d’ être en vie. Et puis, dans une classe, une petite fille en larmes devant la photo de son père affichée avec d’autres, morts au combat. Il y a des moments de pure joie comme la remise des diplômes à Tcherkassy, avec le bal-ballet que les élèves, futurs étudiants, ont longuement préparé, peut-être oubliant un moment que la guerre est là.
Kateryna Gornostai a ainsi parcouru l’Ukraine avec son équipe de mars 2023 à juin 2024 : elle a tenu à ce que de la musique accompagne ces images de courage et d’espoir : une musique écrite par le compositeur d’avant-garde de Kyev, Alexeï Chmourak. C’est réussi.
On sort de ce documentaire, Stichka chasu (Timestamp), le seul de la compétition berlinoise, bouleversé. Quelle connerie la guerre !
Annie Gava
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