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AccueilScènes« C’est un défi physique pour toute la troupe »

« C’est un défi physique pour toute la troupe »

Baptiste Chabauty se prépare avec la Comédie-Française à un défi majeur : présenter Le Soulier de Satin, un spectacle fleuve de 8 heures, dans la Cour du Palais des Papes 

Zébuline : Quelle est votre relation au Festival d’Avignon, et comment envisagez-vous votre première performance dans la Cour d’honneur ?

Baptiste Chabauty : J’ai eu plusieurs expériences à Avignon. Mon premier Avignon, il y a une quinzaine d’années, était en off sur la Place de l’Horloge. Puis, il y a quatre ans, j’ai découvert le In avec le Nouveau Théâtre Populaire, ma première troupe, en jouant la trilogie Molière à la Cour Minérale, une expérience de sept heures ! 

Cette fois-ci, nous sommes à guichets fermés pour Le Soulier de Satin, ce qui est formidable. Personnellement, c’est ma première fois dans la Cour. C’est un espace bien plus grand : nous allons passer des 780 places de la Salle Richelieu à 2000 spectateurs. Nous sommes encore en répétition : nous travaillons avec des plans pour nous projeter dans cet espace que nous ne connaissons pas. Éric Ruf dit qu’il a l’impression de préparer le casse d’une banque ! (rires)

Nous essayons d’être le plus tranquille possible. La mise en scène abolit le quatrième mur ; il y a un échange très humain, très concret et chaleureux avec le public, initié par l’annoncier et l’annoncière qui racontent l’histoire entre les scènes. C’est un défi physique pour toute la troupe, qui est de tous âges. Les nuits de répétition, puis les représentations de 22h à 6h du matin, demandent une grande forme. Il peut faire très froid la nuit à Avignon. Nous allons tous devoir tenir et projeter notre énergie joyeusement pour ce public.

Comment avez-vous fait corps avec le personnage de Rodrigue ?

C’est un matériel incroyablement riche. J’ai eu l’occasion de monter Le Soulier de Satin il y a deux ans avec le Nouveau Théâtre Populaire, dans une version de cinq heures où je composais la musique, sans jouer les mêmes rôles. Claudel n’est pas forcément facile, certains ne l’aiment pas, je n’étais moi-même pas un claudélien de la première heure. Il y a un côté métaphysique, émotionnel, politique et religieux : maintenant, je l’adore ! 

Le corps est un grand sujet, surtout pour Rodrigue. Le matériau est tellement riche que j’ai l’impression d’en découvrir toujours plus. Et le personnage de Rodrigue est un cadeau. C’est un jeune garçon qui va traverser toute sa vie. La pièce s’ouvre sur son frère, le père Jésuite, qui prie pour lui, afin qu’il apprenne que la vie ne consiste pas seulement à conquérir, mais à se dépouiller, à être désiré plutôt que de désirer, à connaître le manque et l’amour. 

Au début, Rodrigue est défini comme un homme cruel et jaloux par le roi lui-même, qui le choisit pour sa tâche de vice-roi. Pourtant, il y a aussi la joie de l’amour, puis le conquérant, l’homme violent. C’est un homme avec des côtés très durs. La prière de son père Jésuite se réalise petit à petit, à travers des humiliations, jusqu’à ce qu’il devienne ce « vieillard céleste » qui peint des tableaux. Cette évolution, ces différentes périodes de sa vie, sont d’une richesse infinie et inépuisable. Je ne m’y ennuie jamais !

Propos recueillis par SUZANNE CANESSA

Du 19 au 25 juillet
Cour d’honneur du Palais des Papes

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Suzanne Canessa
Suzanne Canessa
Docteure en littérature comparée, passionnée de langues, Suzanne a consacré sa thèse de doctorat à Jean-Sébastien Bach. Elle enseigne le français, la littérature et l’histoire de l’Opéra à l’Institute for American Universities et à Sciences Po Aix. Collaboratrice régulière du journal Zébuline, elle publie dans les rubriques Musiques, Livres, Cinéma, Spectacle vivant et Arts Visuels.
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