vendredi 28 mars 2025
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Culture en lutte

D’AG en AG, de rassemblement local en rassemblement (pas national) la lutte des travailleurs de la culture prend forme, en particulier dans des villes comme Avignon ou Marseille qui les laissent occuper l’espace public. À Paris les cortèges grossissent, et dans les Pays de Loire, où la région assume ses coupes brutales, spectateurs et artistes s’allongent devant les théâtres et réclament la restitution des subventions nécessaires à leur fonctionnement, et à la vie des cités heureuses. 

Dans la région provençale le combat s’organise de façon inédite. Les organisations professionnelles, musicales, de plasticiens, d’auteurs, d’artistes de la scène, d’étudiants en art… prennent en compte leurs différences de statut et s’allient aux syndicats. Du précaire au directeur, du salarié intermittent au cadre, de l’autoentrepreneur au fonctionnaire, tous les travailleurs de la culture savent qu’ils doivent défendre en bloc leurs intérêts. 

Rappelant qu’ils sont un secteur économique qui rapporte, ils savent que la grève des festivals est une arme. Mais que ses dégâts aujourd’hui peuvent être irréparables, pour les intermittents qui y perdront leurs statuts, les petits et gros festivals qui ne s’en relèveront pas sans rallonge improbable des collectivités. Et pour les spectateurs qui ont besoin d’art et de pensée pour ne pas sombrer dans la gigantesque vague de dépression qui atteint nos sociétés en déroute politique.

Au cœur du combat politique

© A.F.

Plus que jamais, le public a besoin des « repères éblouissants » qui permettent comme disait René Char de survivre à l’« innommable ». Les travailleurs de la culture en ont conscience, et proclamaient le 20 mars à Marseille que leur combat est « antifa et anticapitaliste », contre « l’exploitation des hommes » et pour une société « inclusive, diverse et sans domination systémique ». Les orateurs se succèdent, annonçant moins les baisses que les espoirs, et une interrogation profonde sur les nouveaux moyens de lutte, dans un combat qui est avant tout « celui de la pensée contre le fascisme en marche ».

Car tous sont touchés : depuis les artistes au RSA touchant en moyenne 1 000 euros de droits d’auteur par an, jusqu’aux directeurs de scènes qui ne savent pas comment ils vont boucler l’année et payer leurs salariés. 

L’annonce des coupes budgétaires 2025 arrive peu à peu. La Citadelle perd 300 000 euros de la Région sur 3 ans, et ne sait pas comment elle va mener à bien son projet culturel. Les festivals et lieux de spectacle vivant font face à des baisses de 10 % de la Région, et en attendent d’autres des Départements, et de certaines Villes. Les compagnies voient leurs dates de programmation s’annuler, et vont perdre une « continuité de revenus » que les plasticiens, auteurs et compositeurs n’ont jamais atteinte.

Ils savent, tous et toutes, qu’il ne s’agit plus de remettre en cause des choix économiques, mais de combattre une idéologie en marche. Faire taire les arts, les paroles singulières et libres, ceux qui fabriquent du commun, ceux qui font ressurgir les mémoires, est nécessaire à toute entreprise fasciste. Les priver de moyens de créer n’est que la première étape d’une  disparition annoncée. 

AGNÈS FRESCHEL

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