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De Chicago à Kentridge

Parmi les dix expositions qui se sont ouvertes au mois de juin à LUMA Arles, deux prennent la forme de rétrospective : Herstory de Judy Chicago et Je n’attends plus de William Kentridge

Il aura fallu attendre 2020 et 81 ans pour qu’ait lieu une première rétrospective du travail de Judy Chicago, pionnière de l’art féministe aux États-Unis. Judy Chicago : Herstory à LUMA Arles est la première en Europe, conçue en partenariat avec le New Museum de New York. Des œuvres créées dans les années 1960-70 sont mises en relation avec les productions plus récentes. On y voit un minimalisme et un art abstrait sensuels et colorés, à rebours des productions masculines de l’époque. L’artiste s’approprie au passage des techniques et objets qu’elle considère machistes : bombes aérosol et capots de voiture. Pour déboucher, plus tard, sur l’utilisation de médiums et de genres dévalorisés : travaux d’aiguille et illustrations narratives (RésolutionsBirth ProjectThe Female Divine).

Womanhouse

Ses œuvres immersives, notamment ses performances pyrotechniques (Atmosphères) sont présentes à travers vidéos et photos, ainsi que la reconstitution de The Feather room, pièce à la lumière blanche où l’on marche dans une couche de plumes jusqu’aux genoux. Son projet le plus célèbre, The Dinner Party, table de banquet triangulaire aux 39 couverts, chacun dédié à une femme illustre, est évoqué au centre de l’exposition en dessins, céramiques, photographie, vidéo. Plus loin, les images de The Womanhouse, projet du Feminist Art Program qu’elle fonde en 1970 : la transformation d’une demeure délabrée d’Hollywood en une installation d’art totale, explorant les constructions de la féminité, de la domesticité et la dévalorisation de l’expérience des femmes dans une société patriarcale.

William Kentridge

William Kentridge est à Arles pour la création mondiale de son opéra de chambre The Great Yes, The Great No, dont l’action se déroule en mars 1941 sur un cargo comptant à son bord plusieurs artistes et intellectuel·le·s comme la photographe Germaine Krull, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, le poète André Breton, cherchant à fuir la France de Vichy. Une traversée qui prend une tournure inattendue lorsque Charon, passeur des Enfers, bouleverse l’espace et le temps pour convoquer d’autres figures illustres de l’anti-colonialisme à se joindre à l’aventure.

L’exposition conjointe Je n’attends plus présente des dessins, peintures, collages, sculptures et installations réalisés lors de ses recherches autour de cet opéra, ainsi qu’un ensemble conséquent d’œuvres : KABOOM!The NoseO Sentimental MachineTo Cross One More Sea, More Sweetly Play the Dance, Oh To Believe in Another World . Des installations filmiques et vidéos aux accents post-cubistes, constructivistes, dadaïstes et surréalistes. Tout le fond du vaste espace central de La Mécanique Générale est d’ailleurs entièrement occupé par un immense panoramique, constitué de sept vastes écrans placés côte à côte, sur lesquels sont projetés en boucle More Sweetly Play the Dance, parade sans fin, procession dansante macabre, et Oh To Believe in Another World, où évoluent dans une maquette de musée des personnages-marionnettes liés au régime soviétique des années 1920 à 1950. 

MARC VOIRY

Judy Chicago : Herstory
Jusqu’au 29 septembre

Je n’attends plus
Jusqu’au 12 janvier 2025

LUMA, Arles

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