lundi 29 avril 2024
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DIASPORIK : Le monde est babil 

Dans le cadre du Babel Music XP, une conversation s’est engagée, à l’initiative de la Ville de Marseille, sur la notion de musiques du monde

La musique n’a pas de frontières et les répertoires s’acculturent au contact des uns des autres. Ils voyagent, s’interpénètrent pour se renouveler, bousculer les catégories, emprunter rythmes et instruments et surprendre les publics. C’est à partir de ce constat que la conversation a commencé entre les personnalités artistiques engagées dans la valorisation de répertoires qui comptent dans la « world music ». 

Pour Élodie Le Breut, directrice et programmatrice de l’AMI, Amine Soufari, compositeur, pianiste, Issiaka Kouyate, directeur artistique du festival Nuits des Griots et Manu Théron, programmateur du Pôle des musiques du monde (Cité de la Musique), de faire la promotion et d’assurer la diffusion de répertoires authentiques mais aussi de musiques syncrétiques, qui fusionnent les influences, sans exclusive.

L’appellation « world music » transposée en France en « musiques du monde » est apparue dans les années 1980, quand le chanteur britannique Peter Gabriel crée le label musical Real World chez Virgin Records pour promouvoir la world par des enregistrements et une diffusion mondiale. Au-delà d’une catégorisation qui rend visible ces musiques dans le rayonnage des disquaires, l’appellation a permis de promouvoir des artistes ayant participé aux différents festivals WOMAD.

C’est l’enjeu de cette diffusion mondiale, davantage que la volonté de circonscrire et catégoriser ces musiques, qui a prévalu et permis de structurer scènes, marchés et diffusion. Comme le rappelle Issiaka Kouyate, au-delà de l’hégémonie des maisons de disques que cela génère, les mondialités culturelles restent aujourd’hui contraintes par l’économie fragile des festivals, et la mobilité culturelle soumise à l’obstacle endémique des visas. Pour Élodie Le Breut, les résidences d’artistes sont autant d’occasion de diffuser les musiques actuelles, telles que le rap algérien ou l’afrotrap, que de revisiter les répertoires traditionnels. 

Mais Amine Soufari et Manu Théron soulignent aussi l’importance de la circulation des répertoires dans leur authenticité : ces répertoires par leurs instruments, leurs rythmes, la qualification des terroirs de production, leur harmonies modales, assouplissent les règles et élargissent les possibilités musicales. Sont aussi évoquées les distinctions entre musiques populaires et musiques savantes,: ainsi les musiques populaires, de transes (raï, kabyles, hadra, gnawa, aissaouas…) ou musiques savantes (chaâbi algérois ou constantinois) qui interrogent aussi le rapport de classe dans les pays de provenance, n’ont pas ce trait sur les scènes en Europe. 

Nos piafs et leur poésie

Alors qu’en France, certains contestent le droit à la chanteuse Aya Nakamura de représenter la France à l’ouverture des JO 2024, le chemin semble encore jalonné d’incertitudes sur la légitimité des répertoires diasporiques qui empruntent aux cultures urbaines autant qu’aux cultures d’origines ! Connaître les parcours biographiques des artistes aujourd’hui consacrés comme « français » paraît pour le moins nécessaire : « la môme », le « piaf » avait des origines marocaines, et un usage très urbain de la langue. 

Samia Chabani

La rencontre s’est déroulée à la Friche La Belle de Mai le 28 mars dans le cadre de Babel Music XP
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