Quatrième ouvrage de l’autrice d’origine palestinienne Yara El-Ghadban, ce roman parue en 2023, fait écho à un poème, If I must die deRefaar Alareer, mort le 7 décembre de cette même année, sous les bombardements de Gaza. Par-delà la mort, la guerre, il faut continuer à vivre et à raconter des histoires, lancer un cerf-volant, dans le ciel.
La mer Morte est morte, évaporée et le sel a anéanti la région, a fait mourir des milliers et des milliers d’êtres humains. Il y a vingt ans de cela. Le sel a façonné des dunes. Le monde d’avant a disparu, celui de l’Occupation, des soldats des dominés et des dominants, des hauts murs, des stations balnéaires… Des flamands roses sont apparus, des hommes et des femmes ont survécu et forment la communauté de la vallée, que raconte un jeune narrateur Alef.
Ces derniers respectent la nature, les plantes, les arbres, les animaux et apprennent à s’adapter à ce lieu en apparence hostile, aux geysers de sel. Tous les Vivants « se parlent ». Mais derrière les monts, se dresse la ville-coupole, protectrice et militaire, sous son biodôme. Sa société dominée par les « biopurs » ne peut tolérer la présence d’Alef, qui se retrouve prisonnier d’un laboratoire et sujet de l’étude de Shaba, fille de l’Architecte de la cité, qui a élaboré la construction d’un canal permettant à partir de la Mer Rouge, de remplir la Mer Morte. Une rencontre Elle finira par comprendre que le monde d’Alef, celui des flamants roses, des ibex, des plantes, de l’araignée Ankabout est la vie.
Lire aujourd’hui ce très beau roman alors que la Palestine, Israël, vivent depuis un an, une guerre impitoyable, c’est rêver que vivre ensemble est possible, que le désespoir n’est pas absolu et que la littérature sauve un peu l’humanité.
MARIE DU CREST
La danse des flamants roses de Yara El Ghadban
Mémoire d’Encrier - 22 €
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