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AccueilArts visuelsEntre deux eaux à Art-o-rama 

Entre deux eaux à Art-o-rama 

L’exposition des diplômé·es art et design des Beaux arts de Marseille présente une sélection d'œuvres singulières réunies autour de préoccupations communes

Line Ajan, curatrice et traductrice franco-syrienne, accompagnait cette année les étudiant·es pour leur exposition de sortie de l’école d’art, dans un contexte politique et environnemental marqué par une instabilité grandissante. 

L’exposition s’ouvre sur un dialogue entre la sculpture de Stella Gercara, faite d’un tissage de feuilles et d’objets anodins réalisée en Algérie, la Banderole des Calanques de Chloé Rozier et la très belle peinture d’Aurélie Arzoine Lafarge évoquant les violences coloniales aux Antilles. 

Entre hommage et dénonciation, avec beaucoup de sensibilité et de générosité, cette ouverture navigue dans l’espace délicat de la parole individuelle, de la transmission et de la mémoire collective de la violence. 

La pièce de Ngoy Clovis M.La dent de LUMUMBA, un tonneau en métal d’où résonne la voix de Patrick Emery Lumumba, leader de l’indépendance congolaise, au dessus duquel flotte une dent sculptée dans une pomme de terre, seule rescapée de son assassinat à l’acide. 

Deux espaces cloisonnés évoquent ensuite des traumas familiaux. Dans une première salle, Emma Cambrier active des archives et conte au public la disparition de son père. Les spectres, les mains, et les regards des peintures de Selma Thies guident avec une tension maîtrisée la déambulation entre les pièces. 

La peinture Tombée dans les fleurs de Camille Noel dialogue avec les pièces de Carla Aouad, constituées d’un herbier de son jardin familial libanais figé dans le verre et d’une vidéo d’archives numériques qui évoque la dissonance de vécus parallèles : celui de « l’être là » qui endure la guerre, et « l’être parti·e » qui subit de loin l’impuissance et la perte. 

Soin et survivance 

La deuxième partie de l’expo est consacrée au soin : Sophie Andry offre au visiteureuses un espace  de repos entouré d’épées de mousse brodées, de rideaux et de sacs de ouate suspendus. Le fauteuil enveloppant de Celia Charles, lauréate du prix François Bret, pensé comme un « mobilier de soin »et l’immense anneau gastrique en céramique de Juliette S. Duval, déploient un laboratoire de formes étranges où chacune vient amplifier l’anachronisme esthétique des autres. Une salle dominée par un rapport au sensible, à l’étouffant et au rêve. 

Un grand rideau de boucher sur lequel est inscrit une liste de néologismes grossophobes inventés par Juliette S. Duval scinde l’espace. Les pièces de Manon Torné-Sistéro évoquent, sous la forme d’étrange meuble-enquête à tiroir et masques de visages en résine, la transition vers l’adolescence et la métamorphose fantastique. 

Précarité des jeunes artistes 

Sara Kiwan expose au sol une série de photographies prises sur son lieu de travail, accompagnée de l’inscription « Je travaille pour payer l’école ». « Contre France Travail, glande générale », une affiche de Capucine Parmentier fait face aux pièces de Marcos Uriondo, lauréat du prix François Bret qui questionne le rapport à la hustle culture (ou culture de l’hyper-productivité) avec l’installation d’une petite fontaine réalisée à partir d’une tasse de café débordante, entourée de broderies de salle d’attente noyées dans le café. 

La justesse et la sensibilité narrative de ces jeunes artistes, leur capacités d’entraide et d’esprit collectif dans la réalisation de cette exposition, permet d’espérer une génération d’artistes engagé·es au travers de leurs sujets de recherches, mais également à l’encontre d’une pression individualisante de plus en plus violente au sein du monde de l’art. 

NEMO TURBANT

Entre deux eaux
Jusqu’au 28 septembre
Friche la Belle de Mai, Marseille

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